- regrets and mistakes they’re memories made.

Des questions et encore des questions, ça filait à tout allure dans sa tête sans qu’il n’arrive à mettre le doigt sur quelque chose, sa seule certitude, le seul choix qu’il était persuadé d’avoir judicieusement prit, c’était bien celui-ci. Partir, partir loin et tout recommencer, sans attaches, sans que quoique ce soit ne le relit à ce qu’il a put être par le passé. A moins que l’on considère la chevalière de sa famille comme une attache. De génération en génération, cette chevalière était transmise aux hommes Wylstan, et c’était toujours considéré comme un grand moment et un grand honneur. Saul n’avait reçu la sienne que quelques semaines avant de se retrouver seul ici. Il n’en avait éprouvé aucune fierté particulière, il n’avait jamais vraiment comprit en quoi cet héritage était si important. Il ne le comprit que trop tard. Cette stupide bague n’était plus que la seule chose qui lui restait, ça et une ou deux photos sans doute, il voulait être sûr de ne jamais complètement oublier c’était important pour lui. Plus encore, c’était important, comme l’une des dernières preuves qu’il eut bien une famille à un moment dans sa vie. Une famille qu’il venait de quitter. Il n’était pas le fils idéale, non ça c’était lui et il en fut toujours conscient. Il aurait voulu être comme lui, mais ne put se résoudre à suivre un modèle qu’il ne reverrait jamais. Quitter sa famille ne lui fut pas imposé, non c’était un choix délibéré et peut être stupide aux yeux de certains, mais pour lui c’était essentiel. Ils venaient de perdre le fils qui comblaient toutes leurs attentes, celui qui répondait parfaitement aux critères qu’ils se faisaient de l’enfant idéale. Alors, si Saul avait parlé de son souhait d’abandonner les études, jamais ils ne le lui auraient pardonné. Remettant sans arrêt sur le tapis le décès de Samuel et de l’importance d’honorer sa mémoire. Le cœur n’y était plus. Sur un coup de tête et du jour au lendemain, Saul avait prit ses affaires et était monté dans un car, n’importe lequel pourvu qu’il s’éloigne le plus possible. Ses parents auraient sans doute le cœur brisé, mais c’était probablement mieux pour eux et pour lui, qu’il ne finisse pas par être la déception et le déshonneur de cette famille. Le regard perdu dans le vague alors que le car venait de démarrer, ses interrogations ne le laissèrent pas en paix pour autant, il ne s’imaginait même pas fermer les yeux pour trouver le sommeil, et ce n’était pas ce que sa voisine envisageait non plus. « Vous voyagez seul mon garçon ? » Reprenant conscience que le monde continuait de tourner pendant qu’il se plongeait dans ses pensées, il posa les yeux sur cette femme au regard triste. Elle devait avoir une trentaine d’année et un bleu immense défigurait le côté droit de son visage. Son regard d’ors et déjà triste ne put que s’attrister d’avantage en réalisant que bien des choses le dépassaient encore. Mais il avait bien vite lu de la crainte dans ses yeux rougit d‘avoir sans doute trop pleuré. « Oui, je peux vous tenir compagnie peut être. » Elle semblait mal à l’aise et peut en confiance, regardant sans arrêt au dessus de son épaule comme pour s’assurer de ne pas être suivit, en oubliant presque l’adolescent à côté d’elle qui venait de lui poser une question. Comme pour la ramener à la réalité Saul posa sa main sur son bras, ce à quoi elle répondit vivement en sursautant et se confondant en excuses à la seconde suivante. « Vous vous arrêtez où ? » « On a qu’à dire que je vais jusqu’au terminus. » Son sourire se voulait rassurant, mais il n’était pas certain vu son âge, qu’il parviendrait à la rassurer. Pourtant, c’était ce qu’il tenterait de faire tout le long du voyage, oubliant un instant ses propres raisons qui le poussaient à fuir. Observant de temps à autre les passagers de ce car en tentant de découvrir leur histoire. Bien vite c’était devenue une manie, de voyage en voyage, de car en car, Saul s’obstinait à deviner ce qui poussait chacune de ces personnes à monter à bord de ce car, tentant de trouver les scénarios les plus heureux possible.

Si la fuite était l’une de ses habitudes, Saul n’était pas le genre de garçon sachant se fondre dans la masse et rester discret, hors, une jeune demoiselle exigeait de lui la discrétion la plus absolue. On pouvait bien dire ce que l’on en voulait, les hommes pouvaient bien prétendre être « supérieurs » aux femmes, ils demeuraient perdus sans elles. Pire encore, ils pouvaient être prêt à tout pour leur faire plaisir. Et bien que Saul serait capable, même avec des preuves évidentes sous le nez, de le nier, il était de ces hommes là. Il se pliait en quatre pour la jeune femme qui partageait sa vie depuis un an maintenant. Allant jusqu’à accepter de cacher leur idylle. Si Myles préférait taire être en couple depuis de nombreux mois, c’était un peu en rapport avec sa réputation, du moins, c’était ainsi que son petit-ami voyait les choses. Tout deux avaient eu, en quelques sortes, le même parcours. Débutant dans des écoles privés et de surcroit catholiques, élevé dans des familles très pieuses, ils étaient sans doute voués à un avenir très puritain du moins à mener leur vie dans les règles imposées par la Foi de leurs parents. Il en fut tout autre, si de son côté Saul ignorait toujours si sa Foi existait bien encore, il était certain que celle de Myles était placé en beaucoup de choses, et non en des règles sensées régir toute une vie pour le prouver l’existence d’un être supérieur. Pourtant, elle avait intégré une confrérie très pieuse à l’Université, et pour cette raison, elle préférait que Saul demeure son petit secret. Alors ils ne pouvaient se voir qu’en suivant, là encore, quelques règles bien précises. Tout d’abord, s’ils sortaient, cela ne devait pas être dans un quartier éventuellement fréquenté par ses « sœurs ». Bien sur, il y avait l’appartement de Saul, mais il n’était pas toujours très fière de la recevoir dans son modeste appartement. Encore une fois, pour les beaux yeux de la jeune femme, il avait consentit à reprendre ses études, mais ces dernières ne pourraient se payer par l’opération du saint esprit, il fallait donc travailler. Et lui qui était habitué à vivre seul, préférait dormir en dehors du campus. C’était à se demander ce qu’il pourrait lui refuser. Et encore une fois, alors qu’ils étaient attablés dans l’un des petits café du centre ville, suffisamment éloigné du campus, la conversation ne tournait qu’autour d’une chose, le secret de leur relation. « Je sais, tu as honte de moi ! » Lui dit-il fièrement comme s’il venait de mettre la main sur une idée de génie, sur la réponse à tant de nombreuses interrogations, alors que c’était une blague qu’il lui avait souvent présenté sous toutes ses formes, tant et si bien, qu’elle finirait sans doute par y croire. « Ne soit pas idiot, tu sais bien que cela n’a rien à voir avec ça. Je préfère qu’elles ignorent pour nous deux, je tiens beaucoup à cette confrérie et à mes sœurs. Je ne crois pas que ce serait apprécié que je sois en couple tu vois. » Non en faite il ne voyait pas tellement, si elles tenaient tellement les unes aux autres, pour leur attachement devait-il être régit encore une fois par des règles. Ce n’était pas tant une aversion profondément encré en lui pour les règlements, mais Saul avait beaucoup de mal avec le concept de limites, il détestait par-dessus tout que l’on en lui impose sans lui donner la moindre explication. C’était pas faute d’acharnement, mais Myles n’arrivait pas à le lui faire comprendre. « Si elles t’aiment vraiment, elles se contenteraient d’être heureuses pour toi, m’enfin je dis ça .. » Interrompu par le serveur qui déposait leurs commandes, la brunette se fit soudainement toute petite, comme s’il pourrait rapporté d’une façon ou d’une autre ce qu’il pourrait entendre de leur conversation. Ce ne fut qu’une fois partie qu’elle put répondre à son petit-ami, sans omettre de chuchoter. « Ce n’est pas le propos. C'est une confrérie très puritaine et je préfère que l'on garde notre relation pour nous, après tout cela ne les regarde pas. » Saul préféra observer son café avec énormément d’intérêt et une mine boudeuse, si la plus douée de ce côté-là était bien la jeune femme pour réussir à lui faire, faire tout et n’importe quoi, le jeune homme se défendait aussi très bien de son côté. « Tu vas même jusqu’à chuchoter, tu crois qu’un espion nous a suivit ?! » lança-t-il en marmonnant sans s’en rendre compte et en touillant encore et encore son café sans sucres. « Tu chuchotes aussi ! Oh ne boude pas, ce n’est pas si grave, et puis au moins personne à l’Université ne pourra jacasser sur notre dos. » Argument recevable, il avait perdu d’avance de toute évidence, Myles aurait ce qu’elle souhaitait une fois de plus et Saul se contenterait de l’embrasser et de lui céder comme si de rien n’était. Jusqu’à la prochaine crise existentielle, qui pouvait très bien avoir lui une heure plus tard par texto. Mais c’était une habitude entre eux, ils ne se chamaillaient jamais sérieusement.