✩ le cœur est un muscle involontaire.

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NOM ♡ BEAUMONT. C'EST QUELQUE CHOSE DE PLUTÔT FRÉQUENT, JE CROIS – ENFIN JE N'EN SAIS RIEN, MAIS J'AI DÉJÀ ENTENDU PARLER D'UNE VILLE ET DE QUELQUES SOCIÉTÉS QUI PORTAIENT LE NOM, ALORS... PRÉNOM(S) ♡ CLARA VIOLET. MA MÈRE VOULAIT RAJOUTER STELLA MAIS GRAND-PÈRE NE L'A PAS LAISSÉ FAIRE. TANT PIS, J'AURAIS BIEN AIMÉ PORTER TROIS NOMS – C'EST ORIGINAL, NON? – MAIS JE RECONNAIS QUE LE CHOIX MATERNEL M'AURAIT PLUS OU MOINS CONVENU, STELLA EST TROP JOYEUX, NAÏF ET SURTOUT, KITSCH À MON GOÛT. AH, ET PUIS LUI, LE CHAT, EH BIEN C'EST MON CHAT ET IL S'APPELLE IRIS, ALLEZ SAVOIR POURQUOI. ÂGE ♡ VINGT-ET-UN ANS POUR L'ÉTAT CIVIL, DOUZE ANS POUR L'ÂGE MENTAL. DATE ET LIEU DE NAISSANCE ♡ LE VINGT JANVIER DANS UN TRÈS GRAND APPARTEMENT AU CŒUR DE ROXBOROUGH, DANS LE NORD DE PHILADELPHIE. OÙ JE VIS TOUJOURS, D'AILLEURS. NATIONALITÉ ♡ AMÉRICAINE ET INCONNUE. SI SI. STATUT ♡ CÉLIBATAIRE, JE SUPPOSE. MAIS CERTAINEMENT PAS CŒUR À PRENDRE. PROFESSION/ÉTUDES ♡ JE PERDS MON TEMPS AVEC LE GREC ANCIEN À L'UNIVERSITY OF PENNSYLVANIA, SEUL SUJET POUR LEQUEL J'AI UNE COMPÉTENCE QUELCONQUE. ET MÊME LÀ... GROUPE ♡ STUDENTS. TRAITS DE CARACTÈRE ♡ NERVEUSE, ELLE EST D'UNE GRANDE MALADRESSE QU'ELLE SAUVE PAR UNE BONNE DOSE D'ÉLÉGANCE. UN PEU BRISÉE, HAUTAINE MALGRÉ ELLE, DRÔLE À SES HEURES PERDUES, SÉDUISANTE À SON INSU, PARESSEUSE DANS LE MONDE MATÉRIEL, MAIS PAS DANS CELUI DE LA PENSÉE; ELLE RÉFLÉCHIT TROP, SI BIEN QU'À LA FIN ELLE NE TROUVE PLUS DE SENS À RIEN – CE QUI LA FAIT PARAÎTRE SOTTE PAR MOMENTS.

❝ the right profile ❞

✩ Elle trouve que son rire lui donne l’air d’avoir oublié son cerveau chez elle.
✩ Elle oublie à chaque juin que c'est l'anniversaire de sa mère.
✩ Il y a quelques années, alors qu'elle était complètement défoncée, elle a crû bon de passer sa garde-robe entière au tie-dye. La pauvre en garde encore des séquelles.
✩ Elle est incapable de mentir, et ce n'est pas faute d'avoir essayé.
✩ Elle ne possède pas de voiture, ni de permis. Il faut dire que papy est toujours prêt à lui refiler son chauffeur privé, ignorant les protestations de sa petite-fille qui aimerait bien mieux voyager en métro, en bus, en train, en n'importe quoi sauf cette grosse Surbuban immonde, teintée et chromée, qui lui donne l'allure d'une B-lister.
✩ Elle est hypocondriaque, surtout lors des épidémies de rhume.
✩ Elle a rêvé qu'elle couchait avec Socrate et, depuis, c'est son plus grand fantasme.
✩ Ses multiples séjours en France lui ont permis de maîtriser la langue – avec un accent catastrophique – et de devenir une grande admiratrice de la chanson française.
✩ Elle chante très bien, mais ne le fait que sous l'effet de l'alcool/substances.
✩ Elle ne pratique pas de sport, elle trouve ça tout bonnement inutile.
✩ Elle baise de temps en temps, lit Nothomb, abuse de la fine cuisine sans prendre un kilo, porte les jolis vêtements – sauf Gucci – et a un faible pour les Allemands.

introducing palace players

Spoiler:

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❝ in my boat ❞

❝ j'aurais aimé t'aimer comme on aime le soleil, te dire que le monde est beau et que c'est beau d'aimer, j'aurais aimé t'écrire le plus beau des poèmes et construire un empire juste pour ton sourire, devenir le soleil pour faire sécher tes sanglots et faire battre le ciel pour un futur plus beau, mais c'est plus fort que moi, tu vois je n'y peux rien, ce monde n'est pas pour moi, ce monde n'est pas le mien. ❞ Une version abrégée de son prénom une ligne plus bas, Tom, aussi difficilement déchiffrable que le reste de la lettre – il avait une de ces écritures qu'on confondait avec de l'art abstrait, vous savez – et c'était tout.

Et il était mort.

Je lui en ai voulu, je lui en veux toujours d'ailleurs, pas pour s'être enlevé la vie, non – enfin si, mais surtout parce que tout ce qu'il a laissé derrière lui, la seule chose à laquelle je pouvais m'accrocher pour comprendre, pardonner, pleurer ou je ne sais quoi encore, soit un extrait de paroles de chanson. Oui, ils étaient peut-être représentatifs de la situation, ces mots, et la chanson était très belle, mais ils ne venaient pas de lui. J'aurais au moins aimé que lui m'écrive, que lui m'explique, que lui me dise adieu. Comme si perdre sa présence, sa chaleur, mon cœur ne suffisait pas.

~

Ma mère m'a eu alors qu'elle n'avait que dix-sept ans. Une fille capricieuse aux cheveux roux et au papa ridiculement riche, qui s'était enfuie avec le guitariste d'un groupe de rock nébuleux. Elle était revenue à la maison en trois semaines, le mariage avait été annulé en six semaines, et j'étais arrivée neuf mois plus tard. Mes grands-parents nous ont élevées comme des sœurs, d'un style si magnanime qu'ils ont fait taire les langues les plus mauvaises; gouvernantes anglaises, écoles privées, étés en Europe. C'est là que je développé mon goût pour le cachemire noir et les bonnes cigarettes. Voilà tout. Ma jeunesse tout en ayant l'air prodigieusement attrayante à l'Américain moyen ou tout autre client assidu du magasin à rayons, n'est pas si mémorable à mes yeux. On s'habitue à tout, on se fatigue de tout, même du luxe.

À seize ans, j’en avais marre des plages de Pampelonne, alors grand-père d’aller m’a permis d’aller vivre chez ma cousine Susanna pour l’été. C’était en Californie, au nord de la Silicon Valley, et j’avais beau avoir fait le tour du monde trois fois – si ce n’est plus –, je n’étais jamais allée au-delà de Washington au sud, Boston au nord et Chicago à l’ouest pour ce qui est de mon propre pays. Je n’ai pas du tout aimé. Des drive-in, des mobil-homes, des ondes de chaleur montant de l’asphalte. Le père de Susanna était méchant, la maison était laide, sa mère était désœuvrée, ses vêtements étaient nuls, la télévision jouait à toute heure du jour. Peut-être aurait-ce été différent si j’avais été à Los Angeles, avec plein de piscines, des bosquets d’orangers et des parents dissolus, charmants et dans le show-biz, mais j’en doute. Je suis une gosse de la Nouvelle-Angleterre, des chevaux, des rivières, des arbres à gomme, des prairies radieuses, des montagnes vaporeuses dans un lointain frémissant; un épais tapis de feuilles sur une route dans les bourrasques de l’automne, les grands feux et les brouillards dans les vallées, des violoncelles, des fenêtres obscures et, même, parfois, la neige. Je crois que si j’avais vu le jour et grandit en Californie, j’aurais pu finir dans une secte ou pour le moins pratiquer une sorte de redoutable régime alimentaire.

C’est pourquoi je suis retournée en France dès l’année suivante. C’est pourquoi j’ai rencontré Thomas. C’était l’être le plus merveilleux, le plus beau, le plus intelligent, le plus amusant, le plus adorable, le plus tuant, le plus tout que j’eu jamais rencontré – et il portait des mocassins avant que ça soit tendance. C'est cucul, ouais, c'est cliché ouais, mais c'est ce qui est arrivé, que voulez-vous.

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