bye bye blackbird. (done)

« Pourquoi tu restes avec moi ? » La question l’avait pris au dépourvu et il avait posé sur Nathan un regard plein d’interrogations. « Pourquoi tu me demandes ça ? » Nathan avait souri du fond de son lit d’hôpital. Son état s’était trop aggravé pour qu’il reste chez eux. « C’est bien toi, ça. Tu esquives, tu ne réponds jamais. » Elie s’était approché et assis sur le lit. Il avait glissé sa main sur la joue de son amant, il pouvait encore sentir combien sa peau était froide sous la caresse dérisoire. « On ne fait plus l’amour depuis des mois. J’ai tellement maigri qu’on peut presque voir à travers mon ventre. Et je commence à perdre mes cheveux … » Il y avait une sorte de douceur amère dans ses paroles, comme s’il parlait plus pour lui-même que pour eux deux. « Ca n'a pas d'importance, tu sais bien. » souffla Elie. Le son de sa voix s’effilochait progressivement. « Arrête tes conneries … Ca fait six mois que je te voie tourner en rond dans l’appart. Quitte-moi. » Il ne répondit rien. Nathan n’avait pas toujours été cruel. Elie ne lui en voulait pas pour les reproches, les menaces, pour leur histoire qu’il s’acharnait à détruire peu à peu sous prétexte qu’il était condamné et qu’il ne voulait pas laisser de regrets. Il n’arrivait pas à lui en vouloir car il n’avait plus de forces. C’était à peine s’il arrivait encore à pleurer. Il lui semblait que son cœur s’était peu à peu desséché. Lentement. Doucement. Au même rythme de la flétrissure qui gagnait Nathan. Et en même temps, tout ça avait été si rapide. Six mois. C’était absurde, complètement absurde. C'est d'ailleurs ce qu'il répondit à Nathan. « C’est absurde. Complètement absurde. » Nathan lui avait alors lancé l’un de ces regards profonds. Il se souvenait encore de ces deux grands yeux noirs, tristes, résignés. Peut-être que c’était à cet instant qu’il avait lâché prise.

Une semaine plus tard, il était mort.

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« C’est toujours aussi bien rangé chez toi. » remarqua sa sœur qui ébauchait un sourire en coin derrière sa tasse de thé. Elie s’abstint de répondre et se contenta de pousser un carton du bout de pied. Certes. La jeune femme but une gorgée de son thé et reprit un air tendrement inquiet. « Tu vas bien, hein ? » Elie se retint de lever les yeux au ciel. « Mais oui. Je suis un grand garçon, t’en fais pas. » Rachel poussa un soupir et posa sa tasse sur ce qui devait être la table basse (une sorte de planches posée vite fait sur un seau renversé). « C’est justement bien ça le problème. Je me méfie de ce genre de déclarations. » « Et moi je me méfie de tes bonnes intentions, soeurette. » Ils se sourirent mutuellement. Elie décida d’axer la conversation sur un sujet moins brûlant que son bien-être. « Comment vont papa et maman ? » Rachel ne fut pas dupe. « Petit malin, va ! » Elle but à nouveau une gorgée de thé. « Ils vont bien. Ils s’inquiètent à propos de leur fils ingrat qui ne les appelle pas assez souvent et qui ne vient pas assez leur rendre visite à Boston. Ils te font savoir qu’ils ont toujours quatre chambres de libre dans notre immense maison, si jamais tu décides de quitter Philadelphie. » Depuis la mort de Nathan – soit deux ans – il n’y avait pas une semaine sans que la mère d’Elie ne l’appelle, éplorée, l’adjurant de revenir à Boston. Ce qu’il refusait à chaque fois. « Enfin. Je dois me sauver. » Elie se leva, enjamba un nécessaire de peinture qui traînait et gagna la porte d’entrée, suivie de sa sœur. Il lui ouvrit et elle sourit. « Prends soin de toi. » Elle déposa un baiser parfumé sur sa joue et disparut dans l’escalier, laissant derrière elle le parfum regretté d’une enfance facile.

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« Merde ! » Elie tendit le bras mais c’était trop tard. Loysius, l’un de ses oiseaux, s’était échappé de la volière. Il s’était posé sur l’immeuble d’en-face, sur le rebord de la fenêtre, et picorait paisiblement. Elie avait beau siffler, l’oiseau ne revenait pas. Il avait l’air malin, en pantalon de pyjama, à sa fenêtre, en train de gesticuler comme un crétin pour faire revenir son oiseau. Putain de bestiole ! Si jamais il le récupérait, il allait en faire du pâté de moineau ! « Loysius ! » Peine perdue. L’oiseau ne bougeait pas, visiblement très content du rebord d’en face et bien décidé à y rester. « C’est pas un peu fini ces conneries, oui ? » La fenêtre d’en face venait de s’ouvrir brutalement pour laisser apparaître un homme d’une trentaine d’années, visiblement dérangé par le bruit. Elie vit alors dans cette apparition miraculeuse (et plutôt séduisante, il fallait bien l’avouer) un moyen de récupérer son précieux volatile. « Hey ! S’il vous plaît, mon oiseau est sur votre rebord de fenêtre, vous voulez bien l’attraper ? » L’inconnu le regarda un instant, ahuri, puis repéra Loysius qui roucoulait allègrement. « Quartier de dingues, putain. » ronchonna-t-il. Néanmoins, il se pencha et tendit le bras vers le minuscule piaf. Elie observait la scène de son propre perchoir. Pour être franc, il observait surtout le nouveau venu dans le voisinage. Mais un cri le tira de ses pensées. « Aïe ! Il m’a piqué, l’enfoiré ! » Elie vit alors son oiseau s’envoler, et il perdit définitivement tout espoir de le rattraper. Il jeta un regard furieux à l’inconnu – tout aussi sexy qu’il pouvait être, il avait fait fuir son oiseau. « Bien joué ! Et comment je fais pour le récupérer, maintenant ? » L’autre se tenait la main. « C’est pas mon problème ! J’vais chopper le tétanos maintenant ! » Elie claqua sa fenêtre en premier. La journée commençait mal.

(…)

On avait sonné à la porte. Grognon, Elie ne se déplaça pas tout de suite. La perte de son oiseau deux jours plus tôt l’avait mis sur les nerfs et il tournait en rond dans son appartement, butant irrémédiablement sur un coin de la fresque qu’il avait à restaurer. On sonna un deuxième fois. « Putain, oui, j’arrive. » Il trébucha sur un rouleau de peinture, buta dans le pied de sa table de travail mais parvint vivant jusqu’à l’entrée. Et lorsqu’il ouvrit, surprise ! Il n’y avait personne. Simplement une cage posée devant la porte, où un moineau du Japon attendait d’entrer dans son nouveau foyer. Et une carte, attachée à la cage. Un message était tracé d’une écriture fine et détachée. « Désolé pour votre oiseau. Ca vous dirait un verre, un de ces quatre ? » Il ne manquait plus que ça ...

Bienvenue
bonne continuation pour ta fiche.

Merci à vous.

bienvenuuue !

Meeeeerci !