◮ SHE'S AN ANGEL WITH A LITTLE SET OF HORNS

LES FOLIES SONT LES SEULES CHOSES QU'ON NE REGRETTE JAMAIS. - oscar wilde

flash back
VENDREDI SOIR
« Je vais tout raconter, je suis certaine que la patronne sera ravie d'entendre que sa protégée vole ses créations. » Elle ferait bien mieux d'effacer ce sourire arrogant de son visage, si elle ne voulait pas se retrouver avec la bouche en sang. Davanee serra les poings, se faisant violence pour ne pas se jeter sur elle et lui arracher la tête. « Tu ne diras rien. » pesta la brune, avec un calme désarmant tandis que la haine naissait dans son regard. La blonde, Jane, l'avait surprise en train de faire ce qu'elle faisait depuis longtemps maintenant : elle empruntait des robes et des accessoires pour se donner fière allure aux soirées qu'elle fréquentait. Elle n'avait pas l'argent pour se payer d'aussi belles choses, mais aux yeux des autres, elle était une héritière, une fille pourrie gâtée qui pouvait tout se permettre. Elle ne pouvait pas se ramener dans une robe achetée vingt dollars à peine, au marché du coin. « Tu veux me supplier ? » s'amusa Jane, lançant un regard méprisant à Davanee du haut de ses Louboutin. « Je vais me faire virer. » A l'instant même où elle avait commencé son manège et à se pavaner dans des vêtements qui ne lui appartiendraient que durant une soirée, elle avait mis en péril tout son avenir mais elle n'était pas effrayée. Elle contrôlait la situation, même à cet instant précis alors qu'elle feintait la vulnérabilité. « C'est le but ma chérie. » jubila Jane sans se cacher avant de tourner les talons et quitter la pièce. Elle ne tarderait pas à tout balancer, c'était ce qu'elle attendait depuis le début. Elle n'avait rien de spécial contre Davanee, Jane était le type de personne de qui voyait en tout le monde son rival et que ce soit Davie ou une autre, elle s'en fichait du moment qu'elle pouvait atteindre son objectif. Ce qui était plutôt ironique car dans le fond, elle ressemblait beaucoup à Davanee sur ce point. Elles auraient très bien pu s'entendre si seulement les deux jeunes femmes accordaient un peu plus d'attention à autre chose qu'à leur petite personne. Néanmoins, Davie ne lui laisserait pas le plaisir de faire sa bonne action auprès de leur patronne, car elle ne passerait pas le week end.
fin du flash back


DIMANCHE SOIR.
Elle attendait depuis une heure. Une heure assise dans sa voiture, dans l'obscurité la plus totale à observer le moindre mouvement devant le bâtiment d'en face. Davanee pouvait se montrer très patiente si elle s'assurait d'en être récompensée par la suite. Ses mains n'avaient pas quitté le volant, les battements de son cœur étaient normaux. Elle était sereine, mais déterminée. Elle se redressa doucement sur son siège en apercevant Jane sortir de son immeuble. Il était minuit passé, la rue de ce quartier résidentiel était déserte comme si tous les signes étaient présents pour soutenir la démarche de Davanee. Cette dernière sourit et démarra le moteur. C'était excitant. Elle s'engagea dans la voie sans allumer les phares et une petite minute s'écoula avant d'appuyer sur l'accélérateur à la vue d'une Jane vulnérable et à porter de main. A aucun moment elle ne freina, et ressentie comme un sentiment intense lorsque sa voiture heurta de plein fouet la blonde qui vola et s'écrasa au sol à quelques mètres derrière. Elle aurait voulu s'arrêter, seulement pour jouir de la voir à l'agonie, morte ou presque, peu importe. Le choc qu'avait dû connaître son crane en touchant le goudron suffirait certainement à avoir de grave conséquences. Dans un élan de folie, Davanee se mit à rire en continuant de rouler mais plus calmement cette fois. Elle ne ressentait aucun remord, aucune culpabilité à l'idée d'avoir peut-être tué quelqu'un. Si jamais Jane avait une bonne étoile, et qu'elle était vivante, ce qui était certain c'était qu'elle ne s'en remettrait pas. Et si elle se souvenait de quoique ce soit, balancer Davanee pour vol serait le cadet de ses soucis.

Le lendemain, en poussant les portes de la maison Chanel, elle remarqua les mines désemparées et les yeux encore rouges de certaines de ses collègues. On lui apprit l'affreux accident qui avait conduit la pauvre Jane à l'hôpital. Des cotes et des jambes cassées, et une perte de mémoire qui ne lui laissait que de vastes souvenirs de sa misérable vie. Davanee proposa à tout le monde d'écrire un petit mot d'encouragement et de soutien, car c'était ce dont Jane avait le plus besoin à présent, de personnes sur qui compter...

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TOI ET MOI, CONTRE LE MONDE.

Au delà de tout ce que l'on pourrait croire, la vie de Davanee était sans cesse en mouvement. Une bonne partie de son existence était peut-être que basée sur les mensonges, elle n'en restait pas moins une personne active mais surtout très ambitieuse. Il n'y avait pourtant rien de pire que d'être aveuglée par sa détermination à obtenir quelque chose, quitte à se mettre en danger – autant sa vie que celle des autres. Sa mère elle-même lui avait souvent répété qu'elle terminerait mal, qu'elle connaitrait le même sort qu'elle et qu'elle goûterait aux joies d'une vie derrière les barreaux. Pour seule réponse, Davie riait. Elle riait face à l'absurdité des propos de sa mère et à quel point elle pouvait être pathétique. En rien elle ne voulait être comparée à celle qui l'avait mise au monde, elle s'estimait bien plus à la hauteur que cette droguée. Davie était intelligente, elle n'avait juste pas eu la chance de naitre dans un milieu qui lui correspondait bien plus selon elle. On ne lui avait pas donné sa chance, alors elle allait la créer elle-même. L'opportunité de vivre comme une princesse, d'être au dessus de tout et tout le monde, c'était ainsi qu'elle devait mener sa vie, elle en était persuadée. Une seule et unique personne partageait cet état d'esprit, à quelques détails près et il s'agissait de Mallory. Elles se connaissaient depuis des années, elles avaient quasi grandi ensemble et aujourd'hui, elle était ce qui avait de plus important pour elle. Elle partageait sa vie, et son lit. Les deux jeunes femmes n'avaient connu jusque là que la pauvreté et l'humiliation de vivre parmi les déchets de la société. Davanee ne supportait plus cette situation, et son petit jeu débuta ainsi. Arnaquer les plus riches. Consciente de ses atouts physiques, elle n'eut aucun mal à se faire une place parmi les gens haut placé, surtout en ayant un boulot qui lui permettait de les approcher encore plus facilement : la mode. Travailler dans une maison de haute couture type Chanel était un véritable tremplin pour son plan bien rodé. Cela faisait donc un bon moment qu'elle jouait la jeune héritière de parents très riches afin de s'immiscer dans un monde qu'elle n'aurait jamais pu connaître avant cela. Pour rien au monde elle ne pourrait retourner dans sa routine, et de cette manière, elle pouvait s'assurer de s'offrir un cadre de vie idyllique pour Mallory et elle. Malgré tout, rien n'était aussi simple et ce genre de chose prenait du temps. Il ne suffisait pas de séduire un vieux pervers en manque de compagnie féminine d'un bien jeune âge pour satisfaire son égo et lui soutirer de l'argent. Il s'agissait d'un plan sur long terme et pour ce faire, Davanee avait dû se créer une histoire et s'intégrer auprès des gens importants pour leur piquer de l'argent sans même qu'ils ne s'en aperçoivent, en leur faisant même croire que l'attention venait d'eux. Une bonne partie d'entre eux était stupide, mais c'était bon pour les affaires de Davie. Il arrivait même que Mallory se fasse passer pour la sœur de Davanee, afin de la faire participer et expliquer certaines choses. Elles pensaient à tout, sauf à l'échec.

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QUE LE JEU COMMENCE.

« Qui est-ce ? » L'esprit encore légèrement endormie, la voix douce de Jillian arriva aux oreilles de Davanee alors qu'elle enfilait ses sous-vêtements. Elle se retourna vers la jeune femme et tomba nez à nez avec une photo de Mallory, qu'elle tenait entre ses doigts. Davanee ne laissa rien paraître de son coup de chaud, elle avait oublié de retirer cette photo de la poche de son pantalon avant d'arriver chez Jillian. « C'est ma sœur, Mallory. » dit-elle sur un ton indifférent. Jillian arqua un sourcil en regardant de nouveau la photo, l'air surprise. « Tu as une sœur ? Tu n'en as jamais parlé. » Davie haussa les épaules avec lassitude, tout en retrouvant sa place aux côtés de sa petite-amie. « Ah bon ? C'est parce qu'on ne se voit pas beaucoup, elle voyage pas mal. Elle est comme nos parents. Maintenant tu le sais. » Jillian sembla se satisfaire de cette explication et lui rendit sa photo, que Davanee rangea au fond de son sac. « Tu me la présenteras ? » insista la belle, ce qui eut le don d'irriter la blonde mais cette dernière afficha seulement un faux enthousiasme. « Bien sûr, si j'arrive à l'attraper, c'est une pile électrique. » Elle termina sa phrase en souriant, puis approcha ses lèvres de celles de Jillian pour en obtenir un baiser tendre qui devint plus langoureux. Davanee sortait avec Jillian depuis quelque temps maintenant et si pour l'une cette relation avait tout l'air d'être sincère, pour Davanee ce n'était qu'une excuse de plus pour entrer dans la haute société. Elle était douée, elle savait s'entourer des bonnes personnes pour s'assurer qu'elle arriverait à son but. Elle appréciait pourtant Jillian, elle était d'une bonne compagnie mais elle n'avait aucun remord à se servir d'elle pour son compte en banque. C'était aussi une très belle femme, leur entente était idéale mais ce n'était que du vent, elle savait qu'elle n'aurait pas de mal à l'oublier si elle devait se débarrasser d'elle. Heureusement, Jill ne lisait pas dans les pensées. Ce n'était pas non plus la première fois qu'elle faisait passer Mallory pour sa sœur, alors que la vérité était qu'elle était la véritable petite-amie de Davanee, sa complice, celle pour qui elle avait de réels sentiments – car oui, elle avait un cœur. Mallory était d'ailleurs la seule et unique personne à pouvoir se vanter d'avoir la toute confiance de Davanee. « En tout cas elle a l'air canon. » souffla Jillian avec malice, ce qui sortit Davanee de ses pensées. Elle continuait de l'embrasser et frôler sa très fine lingerie du bout des doigts. Il n'y avait qu'une chose d'assez efficace pour que Jill oublie cette histoire de photo et de sœur : le sexe.