night club - LOVE SEX MAGIC (-arron) terminé.

Elle était en retard. Depuis quelques jours déjà elle dormait plutôt mal. Le lit de la chambre d'amis ne lui convenait pas. Le canapé était occupé par son mari, le charmant. Son propre lit par son 'frangin' qui ne se gênait pas pour s'y installer ou non. Et la new yorkaise préférait éviter tout contact avec lui, de peur de 1) se choper quelque chose 2) finir par coucher avec lui (tellement louche qu'il pouvait profiter d'elle, mieux vaut prévenir que guérir) 3) ramène une troisième personne avec eux. Ce qui expliquait relativement bien qu'elle soit à fleur de peau, pire qu'une femme enceinte. Ajoutez à cela Camron et ses frasques avec la dénommée Kalea, vous obteniez une Scarlett complètement à bout et sur le point de commettre un meurtre. La cuisine était dans un état lamentable, Arron devait être passé par là. N'ayant pas le temps de faire un brin de ménage, Scarlett se contenta de déposer la vaisselle dans l'évier puis se servit un énorme verre de Red Bull afin d'avoir de l'énergie pour la soirée. C'est là qu'elle constata avec amertume que le frigo était vide de nourriture mais plein de restes et autres déchets. Respirant un grand coup pour se détendre, elle passa outre et le referma en fermant les yeux, essayant d'oublier cette vision apocalyptique de son home sweet home. Et son doux regard se posa ensuite dans le salon, exactement dans le même état que le reste. Qui devait-elle éliminer au final ? Le mari infidèle ou le connard encombrant ?

Son night club était plein à son arrivée, les gens se bousculaient dehors pour entrer. A peine fut-elle entrée dans l'endroit, que le chaos se faisait sentir. Les commandes ne suivaient pas. L'un des serveurs venaient de renverser une bouteille sur le sol. Le bar était plein, les gens attendaient, le coin VIP fulminait presque d'impatience et au milieu de ce troupeau de friqués se trouvait Arron, tout sourire. Entouré de midinettes en chaleurs, il semblait plus obnubilé par leur paire de sein respective. Scarlett venait d'entrer dans une colère noire. Traversant la salle en s'excusant au passage au pré de certaines personnes, elle arriva à la hauteur de son 'frère' à qui elle colla directement une baffe sous le regard ahuri de ces garces. « Quand je te demande de faire quelque chose ici, tu le fais ! » hurla-t-elle en le pointant du doigt, prête à lui bondir dessus. Elle avait envie de le tuer, tant son attitude n'était absolument pas professionnelle. Elle lui offrait la chance de travailler, de se faire un peu d'argent et surtout de changer sa réputation. Il ne faisait que cracher là dessus comme un malpropre. « T'as deux minutes pour bouger ton cul ou tu dégages. » continua-t-elle en faisant un signe à la sécurité - trois bons hommes bien batîs - qui était prête à agir sur le champs si jamais il ne s’exécutait pas dans la minute. « Quant à tes pouffiasses, elles sortent d'ici. » A vrai dire, elles avaient déjà fuis la scène, de peur de se prendre une claque elle aussi. « C'est quoi ton problème franchement ? T'es pas foutu de faire quelque chose de ta vie, je te propose quelque chose et t'en as rien à faire et je me prends tout dans la figure ! T'es un incapable Arron ! » hurla-t-elle encore. Scarlett ne le supportait pas. Son comportement désinvolte l'exaspérait à un point. Personne dans sa famille n'était comme ça et elle se demandait bien comment ses parents avaient pu jeter leur dévolu sur cet énergumène. Elle n'avait que 23 ans et déjà un business bien juteux, lui avec un an de moins avait à son actif trois ans de prison. Jolie CV, non ? « Réinsertion de mon derrière ! » lança-t-elle une dernière fois en se passant une main sur le visage. Il avait réussi à gâcher son début de soirée, comme d'habitude. En réalité, il gâchait tout.

Debout et passablement énervée devant lui, un serveur vint à sa rencontre, lui expliquant qu'il manquait deux bouteilles d'une valeurs assez importante. Se passant une main sur le visage, Scarlett hocha la tête, lui disant qu'elle allait régler tout ça. Tandis que son regard de posa une nouvelle fois sur Arron qui, bien évidemment, était entouré de deux bouteilles. Ce type était irrattrapable. Un véritable problème sur patte qu'il était impossible d'arrêter. Parfois elle se demandait s'il n'existerait pas un bouton ON/OFF afin d'avoir la paix quelques instants. Sa gifle n'avait eu aucun effet sur lui, pire encore il se mit à sourire en la fixant, d'une façon qui lui glaça le sang. Généralement, assez peu courageuse face à lui, Scarlett fuyait à cet instant là pour éviter toute confrontation qui pourrait mal finir. Pour une fois elle allait rester. « Tu finirais donc en taule et franchement ça m'arrangerait. » rétorqua-t-elle du tac au tac alors qu'il menaçait même sa sécurité désormais. Elle leur envoya d'ailleurs un autre signe de la main, afin qu'il continue de vérifier les entrées. Elle s'occuperait de son frangin elle même, à coup de pieds au cul s'il le fallait. Finalement il se leva, face à elle, lui tapotant l'épaule. Elle le préférait assis, il était moins imposant. « C'est Scarlett, d'accord, Scarlett. T'es con ou c'est un genre que tu te donnes. » Car elle avait eu droit à toute sortes de prénoms : Cory, Carly, Sally, Susy, à croire qu'il s'amusait de la voir enrager. Il éclata de rire, elle souffla tant elle lui tappait sur les nerfs vis à vis de son attitude. Jamais auparavant elle n'avait rencontré un énergumène pareil. Il n'empêche qu'il toucha un point sensible, celui qui la fit se taire. Cocue. Tiens, ce mot elle ne l'avait pas encore prononcé et pourtant c'était le qualificatif parfait de sa vie actuelle. Mariée, cocue, la vie est belle. Alors qu'elle pointa le doigt sur lui, prête à changer de sujet, il s'en alla tranquillement avec une bouteille, touchant au passage ses fesses avec arrogance. Elle eut un sursaut de surprise et ne bougea pas durant quelques secondes, choquée par ce qu'il venait de faire.

Automatiquement elle le suivit dans le bureau, demandant au passage à un serveur de faire comme il pouvait pour ce soir, ça n'aurait aucun impact sur le reste de la semaine. Elle claqua la porte derrière elle alors qu'Arron refaisait la décoration à sa manière : le contenu du bureau termina sa course au sol, et 'il s'installa sur la chaise, les pieds sur la table. Scarlett s'agenouilla, rassemblant toute la paperasse comme elle le pouvait. Les fiches de paie étaient désormais mélangés avec les commandes, les CV et autres dossiers administratifs. Il lui faudrait bien une heure de plus pour tout remettre en ordre, tandis que monsieur se prélasserait encore un peu. Comment des parents avaient-ils pu engendrer tel monstre de foire. « T'es d'un futile Arron. » fit-elle en se relevant pour déposer le tas sur une autre meuble déjà bien encombré. « Dégages tes sales pieds de là ! » hurla-t-elle ensuite en lui donnant un coup afin qu'il les enlèvent. « C'est une bouteille à 1500, tu les as peut être ? » Au passage, elle se saisit de la bouteille qu'elle déposa un peu plus loin comme le reste. « Et puis arrête avec cet air mon dieu ! » Celui du jeune homme arrogant avec ce petit sourire toujours collé à ses lèvres. Elle lui envoya d'ailleurs une petite tape sur le crâne. Mauvaise idée surement. Elle craignait toujours ses réactions, après tout il avait fait de la taule pendant trois ans. Parfois, la new yorkaise était complètement inconsciente - du fait de son jeune âge, surement. Sa première erreur avait été de le laisser chez elle. Mais le foutre dehors engendrerait bien plus de représailles et puis, elle avait à coeur sa mission : le sauver. De lui, pour commencer. « Et te mêle pas de ma vie privée. »

S’il finirait en taule ? Ca faisait un bon moment qu’il aurait dû y retourner, mais pour une raison X ou Y, les gens ne l’avaient pas dénoncés pour toutes les frasques qu’il avait accomplies depuis sa sortie de prison. Ainsi, il était toujours là. Ca avait vraiment du bon d’effrayer les gens. Il ne se souciait de rien, ne se rendait même pas compte du mal qu’il pouvait faire, c’était naturel chez lui. Il ne croyait pas une seule seconde qu’il allait remettre les pieds là-bas. Plutôt crever. Après tout, c’était l’enfer sur terre les prisons ; mais si c’était le cas, il était donc le diable en personne. Il n’avait peur de rien. Il n’aimait juste pas le milieu carcéral. Il préférait encore retourner chez la famille de Scarlett. « Si je vais en taule par ta faute, crois-moi, à ma sortie je te retrouverais. » Des menaces toujours des menaces. Inutile de préciser la nature de celle-ci. C’était rare de voir Scarlett lui répondre alors qu’ils se trouvaient face à face. Elle était peut-être moins impressionnée qu’il n’y paraissait. Elle ne se démontait pas. Elle tenait à son prénom aussi. Tout comme lui, mais quand bien même, il donnait toujours des surnoms et n’arrivait pas à mémoriser celui de sa frangine. « Scarlett, Scarlatine, Ernestine, c’est pareil on s’en fout, c’est pas toi qui le choisis. » Il n’avait même pas relevé son insulte. Ca ne signifiait strictement rien pour lui, il savait ce qu’il valait. Il se foutait de ce qu’elle pouvait penser, tout ce qui l’intéressait c’était sa plastique, sa paire de seins et son cul. Le reste, elle pouvait le garder pour elle.

Le bureau était une horreur selon Arron. Quelle faute de gout, cette décoration immonde. Ca devait au moins venir de l’autre con. Ce qu’il y avait de drôle, c’est qu’à chaque fois qu’il faisait une connerie, Scarlett était là pour ramasser les pots cassés. Ainsi, elle l’avait rejoint dans le bureau, et entreprenait de ramasser tout le foutoir qui se trouvait un peu plus tôt sur le bureau. La pauvre. Lui avait étalé ses jambes sur le bureau, et se contentait de se prélasser. Une nouvelle remarque. Le majeur du jeune homme se leva dans la direction de la demoiselle : « Je t’emmerde profondément Arlette. » Il faisait des progrès avec le prénom. Elle donna ensuite un coup dans ses pieds, pour qu’il les retire du bureau, ce qui ne servit strictement à rien. Il les lèverait s’il avait envie. Point barre. Elle lui parla ensuite de la bouteille, qu’elle emmena loin de lui. A sa guise. Il soupira bruyamment : « Tu veux pas te la fermer un peu ? Va voir dans mon cul si je les ai ! Toi tu les as alors me fais pas chier. Je pisse dedans c’est pareil. » A chaque fois qu’il parlait, il fallait censurer. Pire que South Park. La jeune femme lui mit un coup sur la tête, parce qu’elle détestait de le voir sourire. Mauvaise idée. Il se leva d’un bond, se posta en face d’elle, avant d’avancer pour la pousser jusqu’au mur, piégée. Il ne devait pas se mêler de sa vie privée ? Tout le monde était au courant. Il ne put se retenir de rire, tant il avait pitié d’elle. Mais il ne cessait pas de creuser au fond de ses prunelles de son regard, et il lâcha simplement : « Ok. » Mais elle était loin d’avoir crié victoire, car il ne lui laissa pas le temps de réagir, que déjà, ses lèvres gercées, abimées se collèrent avec violence sur celles de la jeune Haestings, alors qu’il maintenait fermement les poignets de la jeune femme le long du mur.

Il la menaçait encore, elle leva les yeux au ciel. Non pas qu'elle ait peur de lui, juste un peu soit dit en passant car elle le voyait mal en justicier vengeur. Quoi que, avec lui toute les facettes étaient imaginables et elle se voyait déjà marcher dans la rue, suivi, jeté sauvagement dans une ruelle et assassiné à coup de champagne de luxe.. Peut être éviterait-elle, donc, à l'avenir, d'attiser un peu trop son côté meurtrier (elle pouvait toujours payer quelqu'un pour le dénoncer). Mais Arron restait son 'frère', non pas qu'elle le considère comme tel. Mais elle l'aimait bien. Ce côté rebelle libre qu'elle n'avait eu, cette façon de répondre à tous et comme il le voulait, sans chercher à faire des mondanités. Il y avait une infime partie de sa personnalité qu'elle enviait. D'un autre côté, sa mère lui avait asséné une tâche : celle de l'aider, aussi ferait-elle de son mieux, avec les moyens du bord. « Mais non.. » lui répondit-elle en souriant chaleureusement, lui tapotant l'épaule au passage. Plus hypocrite tu meurs. « Scarlett, d'accord, Scarlett. Comme Scarlett Johansson. C'est pas compliqué quand même !? » Elle tenait à son prénom, déjà qu'elle était bien gentille de l'entretenir, un minimum de politesse lui était demandé, celui de retenir son prénom était fondamental.

Il venait de lever son majeur et prononça presque son prénom. Un léger sourire se dessina sur son visage avant qu'elle croisa les bras. « Oui, moi aussi. » souffla-t-elle mollement en haussant les épaules, juste histoire de répondre. Ses pieds trônaient toujours sur la table et ce manque de savoir l'exaspérait au plus haut point. « Non je ne vais pas me la fermer. » commença-t-elle. « Tourne toi qui j'aille y fouiller dans ton cul. » continua-t-elle toujours en souriant. Elle tentait de répondre comme lui le ferait, juste pour essayer. Ça sonnait si sale dans sa bouche qu'elle en secoua la tête toute seule comme pour effacer cette légère passade Arronesque. « C'est pas compliqué, tu vas bosser ici pour les rembourser. » Elle essayerait jusqu'au bout de le caser parmi ses employés. Premièrement ça lui ferait un peu d'argent, ensuite une bonne expérience professionnelle et enfin, Scarlett pourrait aisément garder un oeil sur lui et vérifier ses agissements et fréquentations. Une idée peut être un peu trop idéaliste qu'il rejetterait rapidement. Son idée de claque eut l'effet escompté. Il se leva d'un bond, face à elle, au moins le bureau était libre de ses pieds désormais. Ce qui suivi, en revanche.. Il s'approcha bien trop près, si bien qu'elle se retrouva coincé entre lui et le mur. Au fond d'elle, elle espérait que ce soit juste une méthode d'intimidation. Un "d'accord" à peine audible sortit de sa bouche, tandis qu'elle essayait de glisser sur le côté. Peine perdue, Arron venait de coincer ses poignets contre le mur alors qu'il collait ses lèvres aux siennes. Si, l'espace d'un instant, elle se laissa faire, la seconde suivante elle finit par mordre dans sa lèvre afin de le dissuader de continuer ce qu'il avait en tête. Elle insista bien sur la plaie, du sang commença à couler dans sa propre bouche tandis qu'elle le repoussa d'un geste vif et s'essuyant d'un revers de la main. « Commence pas avec tes conneries ! » cracha-t-elle en glissant sur le côté. « Si tu crois que je vais me rajouter à ta ribambelle de filles kleenex ! » Sous entendait-elle que le fait qu'elle soit mariée n'était pas un problème ? « ...et t'approches pas ! » Car elle craignait désormais les représailles.

Arron n’avait jamais compris pourquoi cette famille avait tenté de l’aider lui et pas un autre. Orphelin depuis son plus jeune âge, il n’avait jamais eu aucune famille d’accueil. Surement parce qu’il était turbulent, et qu’on le déconseillait à tout le monde, il n’en savait rien. Mais il s’était éduqué lui-même. Il avait appris à lire et écrire de lui-même, quoiqu’il était probablement incapable de lire sans hachurer certains mots, ou buter sur des lettres. Il avait toujours été seul, et par conséquent, il avait appris à faire ce qui lui plaisait, sans jamais penser à quiconque d’autres que ses amis, qui finalement ne l’étaient pas vraiment puisqu’ils s’étaient tous fait la malle et il s’était fait coincer à leur place. Il n’avait pourtant jamais divulgué un seul de leurs noms. Et pourtant il se souvenait bien d’eux. Mais il était loyal. Une de ses rares qualités. Scarlett, s’évertuait à lui faire mémoriser son prénom. Même ça il n’y arrivait pas. Mais c’était plus par désinvolture, qu’autre chose. « Je t’ai dit que j’en avais rien à foutre de comment tu t’appelais. Si j’ai envie de t’appeler Gertrude je t’appelle Gertrude. Si j’ai envie de t’appeler connasse, je t’appelle connasse. Ca arrive au cerveau ? » fit-il en levant le doigt jusqu’à son oreille, le faisant tournoyer. Il pourrait très bien l’appeler la cocue aussi. Qu’elle soit heureuse d’y échapper !

Il ne l’appellerait jamais par son prénom. Il faisait exprès d’ailleurs, et pour l’instant elle ne le prenait pas trop mal. Tant mieux pour elle. Après tout, c’était elle que ça dérangeait. Lui il s’en foutait. Et si elle l’appelait Aaron à la place d’Arron, il ne lui répondrait pas tout simplement. Elle choisissait de l’affronter, et ça c’était une grande première, mais elle était encore trop docile, elle n’avait pas une once d’agressivité dans le ton mélodieux de sa voix. Franchement, il lui dit sans mâcher ses mots, ce qu’il en pensait. « Ca te va pas du tout. Tu t’improvises actrice, et t’es mauvaise. » Vérifier dans son cul, elle n’était même pas capable de le faire alors pas la peine de le proposer. Il n’avait qu’une envie, c’était de se foutre de sa gueule. Mais il n’en fit rien d’exagéré. En revanche, elle cherchait bien à l’emmerder au plus haut point. Finalement même si son ton n’avait pas d’impact, elle mettait en pratique les choses qu’elle disait. Là, il éclata de rire. Elle voulait vraiment qu’il lui rembourse la bouteille ? Elle croyait encore au père Noël ? « Cette bouteille est faite pour être consommée, c’est fait. » En clair, ta proposition ne m’intéresse pas. « Il te mange dans la main l’autre ? Parce que moi c’est pas le cas. » Il ne voulait pas de ce job, c’était crevant, et ça ne lui permettait plus de faire ce qu’il voulait. « J’ai déjà un job de toute façon. » Mais il n’en dirait pas plus évidemment.

Si Arron l’avait embrassée, ce n’était évidemment pas pour en rester là. Les sentiments, il ne connaissait pas. C’était seulement le moyen le plus doux selon lui pour arriver à ses fins. Il s’attendait à ce qu’elle se débatte, mais la félonne était peut-être plus insolente qu’il ne l’avait jugée. Alors qu’elle s’était d’abord laissée faire, bien qu’amoureuse de son mari, elle avait ensuite attaqué la lèvre de son dit-frère et avait mordu dans la chair gercée, jusqu’au sang, telle une cannibale, et il avait lâché prise. La douleur était supportable, ce n’était pas le problème. Le problème c’était le sang qui avait imbibé sa bouche, et il cracha à plusieurs reprises pour s’en débarrasser, avant de s’essuyer la bouche du revers de la main. Malgré tout, il souriait encore, d’un sourire à vous glacer le sang, puisque sa lèvre et ses dents en étaient tâchés. Elle ne voulait pas qu’il s’approche. Elle le connaissait mal. Il agit vite : il fit un pas en avant vers elle, il l’attrapa d’une main et il la bloqua dos contre lui, maintenant une lame éguisée d’un couteau, froide, contre son cou. « Et là, t’as toujours envie de me mordre ? T’as peur ? Cries pas, ça sert à rien, tu seras morte avant même qu’ils arrivent. » Il marqua une pause, tandis qu’il la regardait en coin, fier de lui. « T’as peur de tromper ton mec c’est ça ? T’as pas encore compris qu’il en a rien à foutre de ce que tu fais ? Il t’a trahie, et toi tu réagis même pas. A ses yeux t’es qu’une simple bonne femme qui lui fait à manger. C’est tout. » Oh il était dur dans ses mots, et son ton léger était probablement le plus irritant. La lame toujours collée à la peau de la jeune femme, il semblait s’en amuser. Un petit coup et tout était terminé. « Tu devrais essayer de passer une bonne soirée, plutôt que de jouer les hystériques. Pète un coup ! » Et il la relâcha, la poussant violemment dans le coin opposé, tandis qu’il se saisissait de la bouteille, et qu’il en but bien cinq gorgées avant de la lui envoyer.

La famille de Scarlett était de ce genre, à vouloir aider les gens, sauver le monde, lutter contre le crime, aider les bébés phoques.. La liste était longue tant ils avaient des objectifs divers. Tout deux médecins, ça ne pouvait pas finir autrement. Ce syndrome ne toucha pourtant pas leur unique fille, ni leur fils. Peut être du fait de leur grande absence, ils n'avaient pas eu le temps de leur faire du bourrage de crâne. Aussi Caleb était comme Scarlett et évitait les parents au maximum. Si Arron avait été un faible, ils n'auraient fait qu'une bouchée de lui. D'ailleurs, elle se demandait bien comment il s'était comporté avec eux car sa mère ne lui en avait jamais parlé. Bien, ça semblait trop beau, même avec des personnes de leur âge. Mal, son frère lui aurait tout raconté par téléphone ? « Je préfère bonasse à choisir. » dit-elle sarcastiquement. « Oui ça me va bien je trouve.. »

Son jugement quant à son jeu ne l'intéressait pas. Bonne, mauvaise, peu importe. Il s'agissait d'un simple test. En revanche son incapacité à être mature et assumer ses actes, ça. « Et ton cerveau est fait pour être utilisé, aussi. » rétorqua-t-elle en souriant puis en tapotant sa joue. « Mais non, toi t'es un grand rebelle, tu fais ce que tu veux, t'emmerdes le monde.. C'est fou, tu dois t'éclater vraiment. Tu t'amuses bien tout seul dans ton bac à sable géant ? » Car elle était forcé de constater qu'il était toujours bien seul, quoi qu'il fasse il n'avait pas d'amis, du moins pas à sa connaissance. Hormis des taulards, peut être. « T'as un job ? D'accord, laisse moi deviner.. Tu vends des frites ? Tu chantes dans le métro ? T'es un gigolo ? C'est bien ça gigolo, ça te va bien je trouve. » Ça sous entendait juste qu'avoir un emploi dans son établissement serait toujours plus intéressant. Déjà il serait bien payé et ensuite, pouvait avoir des perspectives d'évolutions.

Il souffrait, tant mieux elle en était fière mais se retint de coller un sourire sur son visage. Ce que lui ne fit pas. Il dévoilait des dents rouges, tel un cannibale heureux d'avoir une bonne proie. Ce type était effrayant parfois mais elle n'en démordrait pas, elle pouvait le contrer. Finalement il la choppa rapidement et pointa une lame de couteau sous son cou. Son coeur se mit à battre, l'adrénaline faisait son effet. Elle déglutit légèrement, ne bougeant pas d'un poil de peur d'être blessée. Il poussait les gens à bout et se jouait d'eux. Mais lorsque les rôles étaient échangés il n'avait plus aucun self control. C'était juste un gamin apeuré qui voulait faire sa loi. Scarlett l'écouta attentivement mais ne dit rien du tout, pas avant qu'il ne la lâche du moins. Car, bien que modérée dans ses paroles, elle se sentait défaillir en sa présence.
Finalement il venait de la relâcher en la poussant violemment. Scarlett se rattrapa à un mur et porta directement une main à son cou, tout en gardant Arron dans son champs de vision, de peur de revivre le même scénario. « Ce qui est con avec toi c'est que t'es pas futé. » s'enquit-elle enfin, désireuse de l'énerver un peu plus. « J'ai pas peur de le tromper, mais franchement je serais bien conne de faire ça avec toi. » Et elle se mit à rire toute seule. « C'est pas comme si je pouvais t'envisager. T'irais le crier sur les toits, et c'est pas le but. Parce que s'il vient à le savoir et qu'on divorce, je vais devoir tout partager avec lui. Et pour info, je ne partage pas. » Elle y avait déjà longuement réfléchie, envisager de nombreuses solutions, celle de lui pardonner et de rester, quitte à avoir peur qu'il recommence un jour. Celle de le tromper aussi et enfin, la plus manipulatrice, celle de récupérer le butin. Tant qu'elle n'était pas sûr, elle ne pouvait pas mettre à mal l'une de ses solutions. « Et je compte passer une très bonne soirée ! » finit-elle par dire en haussant els épaules, bien qu'elle n'ait absolument aucune idée de quoi faire. Finalement, il y avait une partie de sa personnalité qui s'accordait très bien avec elle de son 'frère'. « Tant que tu me plantes pas avec ton petit couteau, ça changera rien pour moi. Je t'aimerai bien quand même. » précisa-t-elle enfin, sans attendre de 'moi aussi', de calin, ou quoi que ce soit. Elle aurait plutôt droit à un 'va te faire foutre'.

Chez les parents de Scarlett, Arron n’avait pas été très violent. Il avait été plus du genre à les ignorer, à ne pas leur causer. Quand ils l’obligeaient à faire un truc, il se cassait et ne rentrait qu’au petit matin. Ils n’avaient pas la main mise sur lui. Et quand bien même ils l’avaient à certains moments, qui toutefois étaient rares, il leur faisait un sale coup. Ainsi, leurs vêtements avaient été passés à la javel et étaient tous devenus roses ou décolorés, il avait tondu leur gazon en laissant apparaitre un gros ‘FUCK YOU’. Sinon, il avait aussi ramené des strip-teaseuses chez eux, il avait fait une fête monstre pendant leur absence et n’avait rien nettoyé et même s’ils l’avaient engueulé, il s’en était moqué complètement. Et Caleb dans l’histoire ? Il ne lui adressait juste pas la parole. Il le suivait quand il le lui demandait, ça s’arrêtait là. Scarlett cherchait à le contredire, histoire de se donner de la contenance, et il ne répondit pas à sa réplique. Si elle voulait le croire, tant mieux pour elle, mais selon lui une bonasse n’était pas mariée et si coincée. Les bonasses lui, il en avait côtoyées énormément. Elle avait tout pour l’être cela dit : il lui manquait simplement l’attitude qui allait avec. Il était là pour ça : qu’elle finisse par avoir cette attitude, à moins qu’il en fasse son double féminin.

Bizarrement, elle semblait bien à l’aise avec lui. Elle jouait à un jeu, elle semblait plus manipulatrice qu’elle en avait l’air. Elle se foutait ouvertement de lui, et si ça ne générait aucune véritable réaction chez lui, il était intérieurement impressionné par ce changement soudain, qui ne devait pas l’être autant que ça. En revanche, c’était surprenant, car elle se permettait ce genre d’attitude avec lui, tandis qu’elle adoptait celle de la femme parfaite aux côtés de son mari qui la bernait. A moins que ce ne soit qu’une façade ? Il ne supportait pas qu’on le touche en revanche et il décala la tête de côté, une grimace de dégout sur le visage. « Si on te demande, tu diras que tu sais pas. » Elle continuait sur la même lancée, lui envoyant des piques sans arrêt, cherchant à le toucher, mais ça ne marchait pas franchement. Un orphelin n’a besoin de personne, et si elle lui reprochait son manque de maturité, il ne jugeait pas bon de changer. Question job, elle était loin du compte, et il y était totalement insensible. Si elle croyait le faire réagir en le provocant, elle se mettait les doigts dans le nez, car c’était lui le roi de la provocation. Son job n’en était pas vraiment un, mais il rapportait. La drogue était un milieu où les dealers sont rois. « Ca fait quoi d’être bonne sœur dans un night-club ? » Si lui était gigolo, elle était totalement l’inverse.

Il savait qu’en la tenant ainsi, elle aurait probablement peur. La maintenant contre lui, cette lame à l’affut, il pouvait sentir son pouls accélérer de manière proportionnelle. Il jubilait. Elle faisait moins la maligne maintenant. Mais tout jeu avait une fin, et il l’avait rapidement relâchée. Il avait juste voulu l’effrayer. Pas lui faire du mal, elle n’avait pas été un poids, ni une réelle menace pour lui. Il n’était pas non plus un meurtrier. S’il avait tué quelques personnes en prison, c’était uniquement par vengeance ou pour se protéger. Il fonçait souvent tête baissée, et sans son courage, il ne serait probablement plus ici à l’heure qui l’est. Rien ne l’effrayait, pas même une horde de mecs armés. Il foncerait toujours dans le tas. La mort ne lui faisait pas peur, parce que rien ne le retenait ici. Il vivait parce qu’il sentait qu’il avait quelque chose à vivre. Les provocations de Scarlett reprirent de plus belle alors qu’il venait de la lâcher. Il n’était pas futé ?! Vraiment ? Elle devait lui prouver le contraire alors. Il ricana légèrement. Elle se prenait pour une héroïne maintenant. « Tu m’intéresses pas. T’as un balai dans le cul. Il doit bien se faire chier avec toi l’autre con. Pas étonnant qu’il aille voir ailleurs. » Il haussa les épaules. Elle ne voulait pas aujourd’hui, elle voudrait certainement un autre jour. Il lâcha ensuite : « Putain d’arriviste. » Mais ça son mari devait le savoir non ? Mieux encore, elle lui fit savoir qu’elle l’aimait bien, et ça ne le surprit même pas. Les femmes étaient souvent attirées par son côté bad boy, et il n’avait jamais cherché à leur en faire profiter. Si elle l’aimait tant que ça, elle pouvait lui prouver tout de suite. Mais en attendant il lui lâcha simplement : « Je m’en branle. » Sa déclaration elle pouvait se la mettre où elle pensait.

Bonasse, bonne soeur, conasse. Le choix de surnom était vaste. Aucune catégorie ne lui convenait. Bonasse, surement pas, trop rangée. Bonne soeur encore moins, pas assez croyante. Conasse peut être, mais le point de vue d'Arron n'était pas à prendre en compte. Finalement, elle n'était juste pas assez bien à ses yeux, voilà tout. Et pourtant elle s'en fichait, dans le sens ou elle continuerait de l'apprécier quand même. Et elle lui prouverait à chaque fois. Personne ne l'aimait, elle lui donnerait donc trois fois plus d'amour, quitte à se faire menacer avec un couteau, à prendre des remarques plus cinglantes les unes que les autres. Elle se sentait obligé. Après tout il n'avait jamais eu personne de son côté, il était seul. De nombreux gens avaient tenté de lui donner la main et de l'aider mais personne n'avait assez essayé. Scarlett ne comptait pas le lâcher, quitte à entrer un peu dans son monde pour mieux le comprendre. Il était son 'frère', presque son ami, bien qu'elle hurle, le frappe et le menace. C'était de l'amour vache. Mais de l'amour quand même. Il ne serait surement pas d'accord, lui dirait d'aller se faire voir, ferait encore des conneries et allait surement la décevoir. Ça n'avait pas d'importance, elle ne voulait pas de reconnaissance, encore moins de merci.

« Si on me demande vraiment, je dirais que tu es comptable. » Ca ferait de lui un homme honnête avec un bon travail et ça sauverait surtout sa réputation. Associer Scarlett aux conneries de son 'frère' n'était pas possible, elle avait honte. Déjà qu'elle avait eu un mal fou à digérer son passage en prison. Si en plus le monde entier se mettait à le regarder comme une chose curieuse. « Ça fait quoi d'être la brebis galeuse d'une famille ? » ou de plusieurs famille, en l’occurrence. Elle tentait de le faire réagir. Scarlett ne se sentait pas bonne soeur, juste assez futée pour ne pas mettre à mal son business. Elle mettait une certaine barrière entre les clients et elle afin d'éviter tous problèmes. C'était juste de la réflexion, pure et simple. Pourtant, elle se sentit obligé de se justifier : « Je ne suis pas une bonne soeur, si tu t'intéressais un peu plus, tu le verrais bien. » Quoi que il avait peut être un peu raison. « Et puis si je te plais pas comme je suis, t'as qu'à me façonner à ta manière. » c'était une plaisanterie, pas sûr qu'il la prenne sur ce ton.

« Mais oui je ne t'intéresse pas. » commença-t-elle. « Mais oui j'ai un balais dans le cul. » continua-t-elle ne haussant les épaules, souriant légèrement. Elle se foutait pas mal de lui, là ? Effectivement. Sa petite erreur d'il y a un instant disait tout le contraire : il l'avait embrassé, donc elle l'intéressait un minimum. Peu importe le plan, affectif ou sexuel. L'un menait toujours à l'autre. Quoi que lui avait tendance à apprécier les sens uniques. Par contre sa qualification d'arriviste l'offusqua légèrement : « Business ! » cracha-t-elle, légitime défense : il abusait de sa confiance, elle ne le tuait pas mais lui prenait tout. Scarlett n'était pas attiré par son coté bad boy, sachant qu'il allait toujours trop loin. Quoi que.. il lui arrivait bien de s'imaginer à sa place, le monde à ses pieds, jurant à chaque phrase. « Non tu t'en branles pas. » c'est ta façon de dire merci, mais elle évita cette fin de phrase et se contenta de sourire en s'approchant de lui. Elle passa ses mains autour de sa taille et finit par le serrer dans ses bras, déposant même au passage un baiser sur sa joue. « Je t'aime bien Arron. » Puisque la manière forte ne marchait pas, elle essayait la manière douce. « Bon, je vais voir ce que je peux faire pour m'enlever ce fameux balais de mon cul, hein. Je crois que la boite regorge de possibilité. » Et par possibilité elle voulait dire 'amant'. Oh, elle n'irait surement pas jusqu'au bout mais au moins il serait content d'elle l'espace d'un instant. Ça l'ennuyait d'ailleurs pas mal de vouloir lui prouver des choses à lui, alors qu'aucun des actes de la jeune femme n'arrivaient à le toucher.

Scarlett s’acharnait encore plus que ses parents à essayer d’en faire quelqu’un de bien. C’était quoi leur problème au juste ? Il n’avait rien demandé, il était heureux comme ça, et il n’avait pas besoin qu’on lui vienne en aide, il se suffisait à lui-même. Mais il était certain que si on lui donnait tout sur un plateau, il prenait, mais il n’était pas près de rendre non plus. Il ne fallait s’attendre à rien avec Arron, vous risqueriez d’être déçus sinon. Elle ne semblait pas l’être. Elle cherchait juste à voir une once de bonne volonté en lui, et si elle existait surement bien enfouie en lui, elle n’était pas encore sortie. Il ne faisait rien dans l’intérêt des autres, tout était dans son seul intérêt, et son propre amusement. Il se foutait des répercussions que ça pouvait avoir. Peut-être qu’au fond, s’il n’avait pas été orphelin, il aurait fait le bonheur de sa famille, car s’il faisait tout ça, c’était peut-être aussi pour s’infliger une souffrance qui le rongeait : celle d’avoir été abandonné, d’avoir été rescapé par des circonstances. Il n’avait pas de famille, et il n’en voulait pas, parce que celle qu’on lui avait attribuée, dont il provenait, n’existait plus. Personne ne pouvait les remplacer à ses yeux, et il ne les avait pourtant jamais connus. Elle pouvait essayer tout ce qu’elle voulait la petite Scarlett, il ne la verrait jamais comme une sœur, en fait elle serait toujours la fille au balai dans le cul. S’était-il une fois attaché à quelqu’un ? Il pouvait dire que non. Jamais personne qui ait un jour croisé sa route, avait réussi à l’éloigner de son but premier : vivre comme il l’entendait.

Elle cherchait à se donner bonne conscience, ou alors à essayer de le faire passer pour un autre qu’il n’était pas. C’était difficile à dire. « Comptable. Y a pas plus pourri. Moi mon métier c’est foutre la merde. » D’ailleurs il était presque fier d’être ressorti vivant de trois ans de prison. Il détestait cet endroit, mais si ça permettait d’effrayer les gens, il le mettrait en avant. Inspirer la crainte c’était quelque chose qu’il appréciait, pour une raison non déterminée. Scarlett posa une question. Il aurait du la prendre en compte, mais il ne se considérait pas comme tel, alors il déclina : « Si je vois une brebis galeuse un jour, je te la ramène et tu pourras lui demander. » Prendre au premier degré c’était la solution, si elle voulait avoir une réponse, sinon il ne répondait pas. Mais faire de l’humour n’était pas non plus une chose qu’il faisait souvent. Le contexte s’était juste prêté à ça. Elle le corrigeait sur tout, pensant peut-être qu’il sortait d’une bibliothèque et qu’il était diplômé. « T’es coincée du cul comme une none quand même. » Que ça lui plaise ou pas. La façonner ? Il ne répondit pas en premier lieu. Pourquoi ? Parce qu’il n’était pas là pour faire son éducation. « T’as pas encore compris que j’en ai rien à foutre de toi ?! » Il n’avait pas que ça à faire. Arron était un mec comme ça. Que la fille soit blonde, brune, rousse, maigre ou un peu en chair, s’il avait une pulsion masculine, il l’assouvirait, mais ça s’arrêtait là. Pas de copinage.

Elle ne semblait pas comprendre au combien se foutre de la gueule d’Arron ne le ferait pas réagir. Beaucoup s’étaient cassé les dents avant elle à ce petit jeu-là, et le garçon restait indifférent. Toujours. Presque rien ne réussissait à le faire sortir de ses gonds sauf s’il l’avait décidé pour effrayer quelqu’un. Il n’était pas intéressé par elle : juste par sa plastique, parce qu’il trouvait amusant de dégrader, dévergonder la femme d’un mec qui l’avait trompée. Elle pourrait culpabiliser et en plus il foutait la merde dans un couple une fois de plus, et ça lui faisait une belle jambe. Business selon elle. Il sourit de nouveau en coin : « Sale arriviste et profiteuse. » Il continuait d’enfoncer le clou. Ca lui plaisait, il jubilait. Il devrait avouer cependant que la suite l’avait surpris. Il ne s’était pas attendu à un tel retournement de situation. Elle qui s’approchait de lui, non pas pour l’allumer, le draguer, lui hurler dessus, le frapper, mais pour l’enlacer et lui donner un baiser sur la joue. Elle lui répétait bien l’aimer. Il la poussa violemment, fronçant les sourcils : « Ne me touche pas. » Il détestait les élans d’affection. Elle lui fit ensuite savoir qu’elle allait voir comment se décoincer. Inutile de préciser que ça ne serait pas avec lui, et difficile d’y parvenir ce soir. Il but de nouveau dans la bouteille de champagne, et il alla ensuite se placer contre la porte. Comme s’il voulait l’empêcher de sortir. D’ailleurs il attrapa même la clé, et lui montrant bien, d’un large sourire, il la mise sur sa langue, avant de l’avaler. Elle n’irait pas plus loin.

Peut être au bout d'un moment, las, finirait-elle par arrêter de se battre pour lui, tant il mettait de la mauvaise foi partout. Circonstances atténuantes ou non. Le monde entier était merdique pour lui. Elle aussi, d'accord. Elle avait cependant du mal à comprendre pourquoi il restait chez elle. Profiter de la situation et de son argent, peut être bien mais si elle l'exaspérait tant que ça, il aurait déjà fuis. Plus, encore : il semblait vouloir la dévergonder, la changer. N'était-ce pas une façon détourner de faire payer son mari parce que, au final, il était de son côté à elle ? L'esprit vagabond de Scarlett avait déjà imaginé de nombreuses possibilités et gardaient toujours les plus positives en mémoire. A croire qu'il voulait lui aussi ne voir que le bon côté de sa personne. Ou s'inventer un bon côté pour se sentir mieux.

A 50 ans, il serait encore là, à foutre sa merde, avec une calvitie naissante et une cirrhose du foie. Elle haussa les épaules. « Ta vie entière c'est de la merde. » Certes elle pouvait parler, avec son mariage raté, sa pseudo amie Kalea et sa vie monotone. Et pourtant les fêtards autour d'elle ne manquait pas : les Gallagher par exemple. Demandez le fils, élu consommateur de l'année dans sa boite, la fille numéro 1, porn star à gémissement de dinde. Sa vie était rempli de personnes de ce genre, seule elle tronait au milieu et avait l'air parfaitement normale. Coincée serait effectivement le mot mais ce serait lui donnait raison. « Tout ça parce que je ne veux pas coucher avec toi. » Ça sautait aux yeux qu'il en crevait d'envie. Transformer la none et en nympho. « Si t'en as rien à foutre de moi et du reste du monde, casse toi dans ton pays et fais donc ce que tu veux. » Un, elle aurait la paix, deux, elle aurait la paix, trois, pareil et quatre, elle aurait raté sa mission.

Elle haussa les épaules, arriviste, profiteuse, s'il voulait, d'accord. De toute manière il avait toujours raison même quand il avait tort, autant discuter avec un mur. Scarlett avait juste la satisfaction d'avoir gagné le pactole, point. Quant à son petit câlin, rien à faire il n'en voulait pas, au point de la repousser violemment. Elle se cogna la cheville à un coin de meuble, une mince filet de sang coulait désormais. La jeune femme souffla, mais garda son calme tandis qu'il se servait encore dans cette foutue bouteille. Elle sentait qu'il était temps de couper court à la discussion, de ce fait elle voulu sortir mais Arron se plaça subitement devant la porte. Un air interloque pointa le bout de son nez, il se saisit de la clé qu'il avala d'un seul coup. Son air de transforma en mine déconfite. Coincée avec lui, ça n'avait rien de bien gai. « Mais qu'est-ce que tu fous !? » lança-t-elle, tendue par la situation. « Et maintenant on fait quoi ? Tu t'en fous de moi et tenir une discussion c'est pas possible. On se regarde en chiens de faïences jusqu'à que quelqu'un arrive !? » Il y avait d'autres possibilités mais elle ne les évoqua même pas, de peur de lui donner des idées. Elle se passa une main sur le visage, passablement exaspérée par son attitude incompréhensible et finit par s'installer dans son fauteuil, les bras croisés. Si elle avait pu l’assommer avec cette bouteille de champagne, elle l'aurait fait, au lieu de ça, elle la saisit, l'essuyant au passage car la bouche d'Arron avait atterri là et but quelques gorgées. « Je vais en avoir besoin pour passer la soirée avec toi. »

La seule raison pour laquelle il restait chez elle, était de le tenir éloigné de la taule. Il aurait également pu rester chez sa nouvelle famille adoptive de gourous – les parents de Scarlett – mais ils étaient tellement chiants qu’il ne les supportait plus. Scarlett au moins, elle le laissait tranquille. Du moins un peu plus qu’eux. Ainsi, il était coincé aux Etats-Unis, jusqu’à ce que les gens qui s’occupaient de son dossier, jugent qu’il avait un comportement digne de ce nom, et qu’il pouvait faire sa vie ailleurs. En fait, c’était la seule règle qu’il respectait. Ne pas quitter le pays. Sinon ça faisait longtemps qu’il serait retourné à Bradford. Ou ailleurs, mais pas en Amérique. Ces gens l’horripilaient au plus haut point. Scarlett croyait surement qu’il était son vengeur masqué, mais il ne l’était pas du tout. Ce qui arrivait entre Camron et elle ça ne le regardait pas, mieux encore, il s’en foutait royalement. Juste que par plaisir, il foutait encore plus la merde, histoire que les gens connaissent la galère, et tout le bordel qui allait avec. C’était dégueulasse, mais en même temps, il n’était pas du genre gentil et mignon. Plutôt fier d’être un emmerdeur. Arron, le fils de Satan. Ca sonnait presque bien.

Selon Scarlett, la vie du petit Arron était merdique, tout autant que l’était le métier de comptable. Elle n’avait pas tort dans le fond. Il aurait pu aspirer à mieux, mais il se complaisait dans la médiocrité et la délinquance. Gardant une expression neutre sur son visage, il se permit de dire : « Et t’es qui toi pour prétendre que ma vie c’est de la merde ? Tu me connais pas. » Elle ne connaissait que des bribes de sa vie, elle ne savait même pas pourquoi il était orphelin, ni même son nom de famille, à moins que ses parents en aient eu vent lorsqu’on leur avait parlé de son cas. Sinon, il n’en parlait jamais. Il ne mentionnait jamais le nom d’Eccles. Ce nom inscrit sur la même tombe, à Bradford. Arron ne la considérait pas comme une sainte-nitouche juste parce qu’elle ne souhaitait pas coucher avec lui, mais plutôt que tout l’offensait, et elle n’avait pas l’attitude d’une fille débauchée tout simplement. « Je m’en branle que tu veuilles pas coucher avec moi, t’as pas l’air passionnante. Je comprends mieux l’autre con. Il a eu raison. » Provocation usuelle d’un garçon au ton calme qui paraissait se détacher de toute situation. Mais elle avait raison, il en avait envie. Cependant, plutôt que d’être accusé d’une nouvelle agression sexuelle, il ne la forcerait pas. Il s’attendait à tout avec elle. « Je me serais déjà cassé si j’étais pas sûr de retourner en prison avant même d’y arriver. T’as pas l’air de réfléchir dans ta grosse tête toi. »

Il ne comprenait pas l’attitude de la jeune femme. Il la repoussait au possible, et elle continuait de déborder d’affection pour lui. Ca prouvait peut-être aussi que son mari était du même acabit : pas très démonstratif au niveau de l’affection, et qu’elle en cherchait avec tout le monde. Mais ce n’était pas ce qu’il recherchait évidemment. Et n’ayant pas d’autre solution que de la séquestrer pour peut-être obtenir ce qu’il voulait, il avait avalé la clé. Il l’avait déjà fait très souvent, mais n’allez pas croire qu’il récupérait les choses ensuite. Hors de question. Elle fut surprise qu’il fasse une telle chose d’ailleurs. Il ne lui répondit d’abord pas. Se contentant de sourire en la fixant, comme s’il était fier d’avoir gagné la bataille. Mais il était loin du compte. « Ce qu’on fait ? Eh bien maintenant qu’on est enfermés, je pourrais bien te tuer… Je pourrais également te torturer rien que pour le plaisir. Je pourrais te faire un tas de choses. Mais tu pourrais aussi passer un bon moment, plutôt que de te faire chier. » Il ne la poussait pas à le faire, presque en fait. Elle but ensuite dans la bouteille de champagne et il se félicita en souriant de plus belle. Son plan avait marché. Après avoir bu, il avait introduit de la drogue dans la bouteille, suffisamment entamé mais toujours maitre de ses actes. Elle, finirait par lui tomber dans les bras. « J’en doute pas. » et il acquiesça, posant son regard sur elle, attendant patiemment.

Parfois elle se demandait ce qu'elle avait fait pour mériter un tel acharnement. D'abord Kalea et Camron, puis l'arrivée d'Arron, tout lui tombait dessus d'un coup sans qu'elle ne puisse rien faire. Et ça l'agaçait sérieusement d'avoir autant perdue le contrôle. C'était insupportable dans sa petite tête d'être la victime. Elle croyait presque à un complot du monde contre elle. Trop parano peut être. Ou trop bonne, trop conne. La moitié des femmes du pays auraient divorcées depuis une plombe, auraient frappées Kalea, quant à Arron : ne passez pas par la case départ, et casse toi en prison du con. Certes. Scarlett avait un léger problème de sympathie, à trouver des excuses à tout le monde. Il était peut être temps de changer un peu, de devenir plus Gallagher ou Eccles et moins Haestings.

« Je suppose. Vu que t'as pas de job, t'es con comme un balais, tu vis au dépend d'autrui, t'es pas très indépendant, personne ne t'aimes, t'es tout seul. Ta vie c'est de la merde. » répondit-elle du tac o tac, simplement. Ça semblait très logique comme schéma dans sa tête. En fait, elle ne voulait pas être blessante mais essayer de le faire réagir, sans pour autant se prendre une baffe de sa part. Alors effectivement, Scarlett ne connaissait pas tous les aspects de sa vie, cependant lui demandait ne serait que pure folie. Il l'enverrait paitre. La seule solution était donc de déduire avec les moyens de bords. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui même. D'ailleurs, elle ne releva même pas sa remarque sur son mari et s'empressa d'ajouter : « Ah oui, ça tu dois beaucoup te branler comme je couche pas avec toi.. » Elle prenait le même ton que lui, avait la même attitude tout à fait calme et posé. Comme si au côté d'Arron, elle changeait. Elle répondait ce qu'elle avait envie de répondre, sans réfléchir aux conséquences. Une franchise et transparence totale. « Ça te ferait du bien un petit coup de prison. » lâcha-t-elle enfin.

« Me torturer ? Alors quoi ? T'as des menottes dans ton caleçon et un fouet dans le derrière ? Tu vas m'attacher à la chaise et me forcer à t'appeler maitre ? » répondit-elle sans réfléchir avant de poser son index sur sa bouche, pensive. « Non toi tu vas directement à 'je te plante avec mon couteau'. » rectifia-t-elle en souriant, un peu bêtement. Quant à passer un bon moment avec lui, tout était relatif. Ils n'avaient pas la même signification du terme. Mais une chose était sûr, elle allait se faire bien 'chier' en sa compagnie. Un moment elle tritura la bouteille du bout des doigts, manquant de la faire tomber à plusieurs reprises, gardant son 'frère' dans son champs de vision. Elle claqua ensuite ses doigts sur le bureau en penchant la tête en arrière, regardant désormais le plafond. Il était beau ce plafond. Elle secoua subitement la tête, tant cette pensée lui semblait d'une débilité profonde. Elle n'avait bu que quelques gorgée de champagne pourtant. Ce devait être l'ennui qui faisait son effet. Alors, elle bu encore un peu avant de reprendre, blasée mais toujours aussi souriante comme une cruche. « Je m'ennuie trouduc. » fit-elle en haussant les épaules, comme s'il allait sortir un jeu de société de son pantalon. Son insulte était elle aussi, sortie toute seule, elle ressemblait bien trop à ce qu'Arron lui balançait d'habitude. « Du con ça te va peut être mieux ? Ou connard ? C'est pas mal connard. » Le débat de l'année était lancé.

Arron ne se rendait pas compte de la chance qu’il avait d’être tombé sur Scarlett. En effet, la belle aurait pu le faire renvoyer en prison pour beaucoup moins que ça, car on l’avait prévenu : une chose de travers et il était de retour en prison. Mais la famille de Scarlett et elle-même, n’avaient jamais eu le courage, en plus d’un an de le dénoncer. Peut-être par peur, pour éviter de se faire tuer par vengeance à sa sortie de prison. Ou alors par bonté tout simplement car quelque part ça les contrariait de le voir retourner en prison sans avoir pu l’aider. Il ne saisissait pas à quel point cette vie pouvait être bien plus agréable. Il ne voulait pas changer, et il n’avait jamais rencontré personne qui avait réussi à le faire se remettre en question. Pousser à bout les gens ne leur enlevait même pas leur compassion. Il devrait essayer de compatir pour les autres. Mais c’était au dessus de ses forces. En fait c’était carrément quelque chose d’inconcevable, il était incapable de compatir pour des gens moins chanceux que lui, car il en voulait au monde entier d’avoir démarré sa vie sans ses parents.

« Je t’ai dit que j’avais un job. T’es sourde ? Intéresse-toi à ta vie avant de critiquer la mienne. Et j’en ai rien à foutre de tes suppositions. Que des conneries. » Il haussa les épaules. Dépendre d’autrui, pas tout à fait. Juste que ça lui permettait de faire plus de profit que s’il avait lui-même dépensé l’argent qu’il gagnait en dealant. D’ailleurs il le cachait bien cet argent. Personne ne l’aimait. Surement vrai, mais en même temps, il s’en foutait comme de l’an quarante, alors il n’allait pas s’en plaindre. Et pour finir, il se plaisait à être seul. Jamais il n’avait déprimé parce qu’il l’était. Il sourit à la remarque de la jeune femme. Elle en avait de la ressource. « Tu te crois seule sur terre ? Quand t’es pas là, crois moi ton lit est bien plein. D’ailleurs t’as du gagner un ou deux strings. Sois contente ! » Qu’elle ne croit pas qu’il se branlait tout le temps. Ce n’était pas vital, et puis vu le nombre de filles qu’il se tapait chaque jour, il n’était pas en reste. Si lui ça lui ferait du bien la prison selon elle, il lui répondit sur le même schéma : « Ca te ferait du bien de baiser. Ca te musclerait. » Son regard était d’une perversité sans nom. Comme s’il l’avait déjà détaillée de nombreuses fois, et qu’il l’avait déjà vue nue.

Arron fut choqué de constater qu’ils ne parlaient pas du même degré de torture. Elle s’attendait à une de ces tortures sexuelles qui font jouir le partenaire toujours plus avant l’acte. Il leva les yeux au ciel avant de déclarer : « Pauvre petite innocente qui essaye de se la jouer catin. T’as tout faux ma jolie. Ca c’est de la torture pour débutants. » D’ailleurs ça nouvelle remarque se rapprochait un peu plus de la définition de torture pour Arron. « Pas seulement. Tu t’imagines même pas tout ce qu’on peu faire avec un briquet et quelques babioles. Ca permet de punir les salopes qui se prennent un peu trop pour des winneuses. » En l’occurrence, il la mettait en garde puisqu’elle avait déjà dépassé les bornes et qu’il avait été suffisamment indulgent à son sens. Et son subterfuge de la bouteille marcha à merveille. Elle commençait déjà à être troublée. C’était trop beau. Elle racontait déjà des conneries, et le garçon se contentait de sourire. Il finit par se rapprocher d’elle, alors qu’elle continuait de l’insulter, et quand il fût à quelques centimètres d’elle, il lui murmura : « Et si tu fermais ta grande gueule un peu ? » C’était suggestif, la main d’Arron était posée sur la cuisse de la jeune femme et sa tête elle, se trouvait à une distance trop étroite du visage de la jeune patronne de night-club . Mais encore une fois, il ne tenta rien. On ne sait jamais. On s’en foutait de si il était un connard ou autre non ? Y avait mieux à faire.

Elle ne se permettrait pas de l'envoyer en prison. Premièrement, elle n'y gagnait rien et deuxièmement, ça n'aurait aucun effet sur lui. Autant donc éviter cette case, même si à un moment ou un autre ça l'avait plus ou moins démangé. Scarlett aurait souhaité en savoir plus sur lui, malheureusement il n'était pas du genre à se confier, encore moins à répondre à des questions, sobre ou non. Alors elle faisait avec les moyens du bords et avec ce qu'on avait bien voulu lui dire. Presque rien, en soit. Avec son argent, elle aurait d'ailleurs pu se payer les services de quelqu'un pour enquêter sur lui. Là encore, elle n'en voyait pas l'intérêt. Car Arron le comprendrait ben vite et ça irait très mal pour elle.

« Ma vie est géniale. » dit-elle sarcastiquement. « Je respire le bonheur. » continua-t-elle encore un peu en haussant les épaules à son tour. C'était tout le contraire en fait, Scarlett le savait et se l'avouait depuis bien longtemps. En même temps, elle était trop rangée pour réagir et envoyer chier tout le monde. C'était ça son grand problème. Arron l'avait cerné mieux que quiconque et sa manière de lui en faire part était si.. charmante. Sa remarque sur les strings la fit pouffer de rire, elle n'osait même plus mettre un pied dans sa chambe donc.. « J'ai surtout gagné une désinfection complète de ma chambre. » en plus de brûler les draps, couvertures et autres coussins, changé de lit surement. Bref, la jeune femme n'osait même pas imaginé ce qu'il avait pu y faire. « Mais t'as raison, ça me ferait du bien de coucher avec des gens. » Ça elle le reconnaissait bien mais là encore, trop coincée, elle n'osait pas et avait tendance à fuir dès que le moment venait. Quant au regard pervers d'Arron, il la perturbait légèrement. Elle avait l'impression de se faire abuser alors qu'elle était totalement habillée. « Par contre tu m'excuseras mais j'ai pas besoin de me muscler. J'ai des fesses en acier, des abdos parfaits et une paire de seins qui tient parfaitement dans une main d'homme. » s'enquit-elle ensuite, fière. Elle ne reprochait absolument rien à son corps, contrairement aux 3/4 des femmes. Elle faisait du sport, mangez assez bien et entretenait tout le reste.

« Tu me montreras une fois ? » lança-t-elle sans réfléchir, choquée mais curieuse. « Enfin pas sur moi je veux dire. Je suis ni salope ni winneuse, ça va pas. » précisa-t-elle enfin, de peur de se faire abimer par les idées farfelues de son 'frère'. Elle s'étonnait elle même de se laisser réagir aussi spontanément. Mais ça venait tout seul et elle ne retenait rien. « J'ai plein de poufs par.. là.. non là.. ou là.. » Elle voulait parler des filles présentent dans le night club, sauf qu'elle ne savait plus ou il était par rapport au bureau et ça l'inquiétait légèrement d'être dans un état aussi lamentable alors que la soirée ne faisait que commencer. Arron venait de s'approcher d'elle, un peu trop près car elle tenta de reculer mais assise dans le fauteuil elle ne pouvait pas. Alors elle se terra dedans comme elle le pouvait, coupant presque sa respiration. Fermer sa grande gueule ? Elle hocha la tête comme une enfant punie, alors que son regard se posa sur sa propre cuisse ou la main d'Arron venait de se loger. Un large sourire apparu sur son visage alors qu'elle se rapprocha à son tour, frolant ses lèvres. Elle saisit la main d'Arron et la remonta sur son propre corps : les hanches, le ventre puis les seins. « C'était pour que tu constates que je suis parfaite hein. » et elle replaça la main d'Arron sur son entre jambe à lui. Alors qu'elle tira sur le haut de sa robe pour regarder sa poitrine de plus près. « Un jour j'ai voulu me faire opérer mais finalement je l'ai pas fais. » dit-elle plutôt niaisement, comme s'il en avait quelque chose à faire. « Je suis parfaite. » précisa-t-elle pour la énième fois de la soirée alors qu'elle posa sa main sur son torse, que son tee shirt laissait apercevoir. « Oui je te touche, pardon. C'est du vrai ? » Car Camron en avait bien moins alors que ça lui avait toujours plu. C'est là qu'elle percuta et qu'elle mis une main sur sa bouche, confuse. « Je ferme ma grande gueule. » Et voilà, il avait tout gagné.

Arron ne permettait à quiconque d’en savoir plus sur sa vie. C’était tout simplement inutile selon lui, puisqu’il ne s’attachait pas. Les gens n’avaient pas besoin de savoir les détails de sa vie. Ils étaient inutiles que ce soit pour lui ou pour les autres. Il n’avait jamais célébré son anniversaire, il ne voyait donc pas pourquoi il communiquerait sa date de naissance. C’était à peine s’il savait l’âge qu’il avait. Scarlett avait beau essayer, elle ne saurait jamais rien. Que ce soit son nom de famille, le prénom de ses parents, les circonstances de leurs morts, l’orphelinat, la prison, son gâteau favori, pas même sa couleur préférée. Elle ne saurait rien d’autre que ce qu’elle voyait. Quoique si on parlait des cicatrices, il ne lui raconterait même pas d’où elles provenaient, même si c’était plutôt évident. Il se méfiait de tout le monde comme de la peste, et ainsi, il s’interdisait de tisser des liens, puisqu’on l’avait déjà trahi suffisamment. C’est de ses erreurs qu’on se construit, et qu’on devient un homme plus fort. Il se sentait grandi de son expérience, mais ce n’était pas pour autant qu’il changeait dans le bon sens. La route qu’il empruntait courait à sa perte, un peu comme Pinkie Brown, dans le roman Brighton Rock. Sa destinée était toute tracée, mais là encore, il n’en était même pas effrayé, parce qu’il faisait ce qu’il avait à faire. S’il devait mourir, il l’accepterait.

« Il doit puer le cadavre ton bonheur. » fit-il remarquer à la brunette. Malgré ses airs de bad boy qui en avait rien à foutre du monde entier, ni des gens qui crevaient la faim, Arron avait le don de cerner les gens, de les comprendre, mais il n’en faisait pas profiter les autres, il se contentait de jubiler lorsque ceux-ci étaient bien malheureux. Puis une fois qu’il traçait sa route ailleurs, il les oubliait. Et pour les faire enrager du temps qu’il les côtoyait, il exagérait tout. Il avait un minimum d’hygiène, mais le garçon avait longtemps vécu dans la misère, et avait pour habitude de ne se changer que très peu. Ainsi il passait ses journées en caleçon, autant dire que pour les fois où il avait du monde dans la chambre, il était déjà bien dévêtu. « Je crois aussi qu’avant mon arrivée elle en avait terriblement besoin. Ca puait le bonheur. » Il s’en servait à toute les sauces. Mais il était vrai que les femmes qu’il fréquentait n’étaient pas toujours très clean, et la chambre était infestée de drogues. « Un conseil rentres pas, tu ferais surement un arrêt cardiaque sur place, la none. » Elle reconnaissait cependant un net besoin de faire des galipettes. C’est dire si son mari pouvait être naze alors. Elle se vendit ensuite en faisant sa promo comme pour un produit de beauté qu’on essaye de vous vendre en supermarché. Il pouffa simplement de rire. « Te donnes pas un genre ça te va pas. » Mais en réalité, il n’en doutait pas. Elle avait une plastique parfaite et même sainte-nitouche, elle devait s’entretenir.

Dans sa phrase, il ne parlait pas que de femmes, mais mentionnait également les taulards qui s’étaient autoproclamés gros durs avant de le connaitre. Les pauvres. Il ricana : « Te montrer ? Je ne montre ça à personne. Soit t’es cobaye, soit tu vas te faire foutre. » Noir ou blanc, jamais entre les deux. Ici, il s’agissait surtout d’une question de protection. Pas de témoin, et c’était sa parole contre la sienne. C’était bien plus sécurisé. Elle cherchait même à lui proposer des cobayes, et il leva les yeux au ciel avant de répondre sur un ton sec : « Je choisis mes cobayes, toi tu cherches pas à comprendre. » Sinon ça allait mal aller pour toi. Menace qu’il ne prononça même pas, c’était évident. Il préférait la Scarlett droguée. Elle avait l’air plus décontractée, moins prise de tête, et surtout bien plus à l’image des autres gonzesses qu’il se tapait. D’ailleurs, elle cédait enfin, finissant par sourire et le frôlant certainement pour le faire languir, ce qui était définitivement trop romantique pour lui. Mais elle prenait les devants. Attrapant la main du jeune homme, elle lui permit de la peloter sur toutes les parcelles de son corps, lui justifiant cette offrande comme pour lui prouver ce qu’elle avait dit plus tôt. Il ne dit rien, mais elle lui retira la main ensuite pour la poser sur son entrejambe, et il la retira immédiatement. Elle ne s’arrêta pas là. Elle lui fit reluquer sa poitrine de plus près, comme si elle passait la soirée avec un jeune premier. Stupide. Elle racontait sa vie, et il s’impatientait. Il aurait voulu la faire taire, mais ça pourrait la couper dans son élan. La patience était de mise. Elle le tripota ensuite, se demandant même si son torse était vrai. « Vérifies par toi-même, mais surtout : ferme ta gueule. » Il retira son t-shirt, et finit par saisir la jeune femme par la taille la forçant à se relever. Là, il l’embrassa fougueusement, avec une telle virulence, qu’il ne se gênait pas de lui mordre la lèvre, et descendit ensuite dans son cou, plus insolent que jamais. D’un coup sec, il lui retira sa robe, la laissant tomber au sol dans un froissement, et il la regarda intensément dans les yeux. Puis il finit par lui dire à quelques centimètres de ses lèvres : « Prouve-moi que t’es pas une putain de none. » De toute façon, il finirait par avoir son dû.

Dans la maison Benceevs, demandez la fille. La fille presque parfaite qui a préféré se marier et bosser dans le monde de la nuit, plutôt que de faire plaisir à papa, maman en faisant médecine. Celle qui, à 23 ans, a plus de fric sur son compte qu'un PDG de 40 ans, mais plus de responsabilités qu'une mère de famille (un night club, c'est pire que des enfants, ça se met pas dans le frigo ou le congélateur). C'était un schéma idyllique, l'archétype de la vie tout à fait réussie et pleine de bonheur. Elle vous en foutrait du bonheur, à coups de pelle dans la tronche. Scarlett ne s'amusait quasi jamais comme les jeunes gens de son âge, trop occupée à tout gérer : à droite, à gauche, trouver du personnel, régler les factures, les problèmes, attirer de nouveaux clients. Et puis il y avait eu Arron, un sale con que tout le monde détestait, elle non. Du moins, pas autant. Parce qu'Arron était différent des gens qu'elle fréquentait, qu'il emmerdait le monde et était libre de ses actes. Elle l'enviait. A tel point qu'elle ne semblait jurer plus que par lui. Camron était dans les parages ? Elle défendait son 'frère'. Les flics ? Elle le défendrait. La prison ? Elle paierait. La vérité était bien là : elle lui hurlait chaque jour qu'il devait s'en aller de chez elle mais au final, ce serait qu'il le fasse, la pire chose. Et cette obsession constante vis à vis de lui l'emmenait droit à sa perte. A tous les niveaux.

Son bonheur puait le cadavre, certes. La brune haussa les épaules, laissant une réponse en suspend. Il avait raison mais elle ne voulait pas l'affirmer à voix haute. « Ne t'y attardes pas trop, je compte la récupérer. » précisa-t-elle car la chambre d'amis ne lui convenait pas. Son lit, son beau et grand lit lui manquait, tout ça parce qu'un rat s'y était faufilé. Les rats, on les exterminent. Scarlett ne se lancerait cependant pas là dedans, préférant laisser ça à des pros, de peur de faire un arrêt surtout, comme il le lui dit si bien, mais elle ne releva pas. « Arrêtes de m'appeler la none. » C'était pire que tout comme surnom. Mais bien sûr, à côté de lui, tout le monde était un saint. Si Satan avait pu avoir un représentant sur terre, Arron aurait été parmi les dignes successeurs. « Je me donne pas un genre, je constate. » Elle n'était pas imbue de sa personne, elle était réaliste.

« Je vais me faire foutre. » choisit-elle sans réfléchir, plutôt que d'être son cobaye. Et même s'il prenait l'expression au sens.. premier de la chose, ce serait toujours mieux que d'être torturé. Quoi que. Le romantisme de nos jours. Inconnu aux bataillons. Elle se sentait un peu comme une femme de ménage, Arron dans le rôle de DSK. Vent de révolution ? Non, au lieu de ça elle se laissa faire comme une poupée. Il venait de retirer son tee-shirt, la força à se lever et l'embrassa sans retenue, se permettant de mâchouiller sa lèvre, continuant dans son cou. Et la new-yorkaise ne fit rien, les mains en l'air, les yeux grands ouverts, elle ne bougea pas. Étonnée, choquée ? Non, pensive. Elle pensait à Neal. Il venait de lui retirer sa robe dans un geste vif, désormais à moitié à poil, elle ne cilla toujours pas. Elle pensait encore à Neal. Prouver ou ne pas lui prouver, telle était la question. La réponse semblait toute trouvée. Scarlett saisit son visage entre ses mains, se rapprocha au maximum de lui, presque sérieuse (il fallait préciser que la demoiselle vaciller un peu à droite à gauche et qu'un air de cruche ne voulait plus se détacher de son doux visage). « Ne le dis pas à Neal. » (dans un soucis qu'il lui fasse des remarques, uniquement) fit-elle sans certitude qu'il le connaisse . Son mari, Camron, lui effleura l'esprit ensuite. « Camron on s'en fout. » et elle fit un signe en secouant la main comme s'il s'agissait d'un simple détail. L'alcool la trompait, ou la substance qu'il avait mise dedans. Finalement elle se débarrassa de sa robe qui entourait ses talons et la jeta d'un coup de pieds dans un coin. Avant de se jeter sur son pseudo frangin, entourant son cou de ses bras, saisissant ses lèvres comme une sucette pour enfant, le repoussant violemment contre le bureau. Son esprit était confu, tout comme sa manière d'agir avec lui. Scarlett n'était pas claire ce soir et encore moins maitre d'elle même. Ses mains passèrent de son cou, à son torse pour finir à sa braguette sur laquelle elle s'énerva littéralement en la secouant dans tous les sens. Oui, même l'ouvrir ça devenait dur. « Putain enlève moi ça ! » hurla-t-elle en se détachant de lui, passablement énervée par son incapacité à lui retirer son vêtement (en même temps avec Camron c'était plus simple, mais moins excitant - c'était ça le pire, qu'elle trouve la situation excitante).

Spoiler:

Arron ne faisait pas attention à ce que les gens pensaient de lui. Ca n’avait jamais été le cas. Du coup, pensant être insupportable aux yeux de tous, il était incapable de vous dire si une personne l’appréciait. Il était donc impossible pour lui de prétendre que Scarlett l’aimait bien. Et pourtant toutes les preuves étaient réunies. A vrai dire, il n’y prêtait pas plus attention que ça, il se lassait de tout, et ainsi, tout rentrait par une oreille et ressortait par l’autre. Ca n’avait rien à voir avec une bonne ou mauvaise mémoire, juste qu’il ne voyait aucun intérêt à écouter les autres pleinement, car ils n’avaient rien à lui offrir qui pourrait l’intéresser. Mis à part leurs corps de déesses pour les filles. Le reste, il se servait lui-même, que ça plaise ou non. Il ne s’intéressait même pas au business et au fric : en fait si on l’entretenait c’était bien, mais si on ne le faisait pas, ce n’était pas la mer à boire, il se débrouillait autrement, il avait plus d’un tour dans son sac. En revanche, il ne savait probablement pas mentir : il était coupable rien qu’à sa tête, car il détestait fuir, et ça courait certainement à sa perte, car il était facile de le coincer, quoiqu’il sache se cacher. Il ne savait en revanche pas se défendre par le poids des mots : ainsi il était facile de l’accabler devant un juge, il serait toujours coupable. Il maitrisait la violence, pas le reste. Il savait que c’était une faiblesse, mais changer ne lui apporterait rien de plus, il était déjà fiché. Il était invulnérable, quoique vous lui fassiez. Même si on le passait à la chaise électrique, il continuerait de sourire. Quelle triste vie. Il ne s’agissait pas d’un joyeux sourire, mais plutôt d’un sourire de fierté, de quelqu’un qui ne se démonte jamais face à l’adversité, et face à l’horreur de ses actes.

Il avait pris possession des lieux. La maison de Scarlett n’avait plus rien de la maison bien tenue qu’elle était avant l’arrivée d’Arron. C’était pire qu’un champ de bataille. Si elle comptait récupérer sa chambre, elle allait devoir le faire en usant de la ruse, car ça s’annonçait bien difficile. D’un haussement d’épaules, il lui répondit : « Fais ta vie. Mais viens pas hurler derrière avec ta putain de voix criarde. Tu me donnes mal à la tête. » Et il voulait coucher avec elle ? Valait mieux trouver des bouchons d’oreilles et vite. Pauvre petite. Elle se plaignait comme une gamine de six ans qui n’aimait pas les surnoms, et il jouait sur ça. Il la regarda faussement attendri avant d’en rajouter une couche des plus agaçantes. « Pas ma faute si t’es pas capable d’écarter tes cuisses, la bonne sœur. » Bonne sœur, jeu de mots sur le lien qui les unissait presque ? Même pas. Arron n’était pas assez cérébral pour ça. D’ailleurs ce qui suivait en était bien la preuve : « T’as l’air conne avec tes constatations. » La pauvre, elle était à plaindre, elle arrivait à apprécier un énergumène pareil. Trop bonne, trop conne, la sœur. Il avait résumé la situation. Mais attention au retournement de situation, la roue tourne.

Elle le dit elle-même, elle désirait céder à la tentation et plonger au royaume des désirs d’Arron. Si elle savait. Elle ne serait qu’une vulgaire chaussette pour lui après cet épisode. Coucher avec elle ne signifiait pas plusieurs fois. Il tirait son coup et c’était fini. Elle finit par le stopper dans ses entreprises et lui demanda de ne pas le répéter à un type qui portait le nom de Neal. C’était qui celui-là ? Elle lui balançait ça, alors qu’il n’en avait rien à foutre. Ne pouvaient-ils pas juste baiser sans qu’elle ouvre sa grande gueule la none ? « Mais je m’en bats les couilles des autres ! Ta gueule ! Tu comprends ça ? Putain j’ai jamais vu une gonzesse qui parle autant ! » Tue-l’amour pour lui. Ou plutôt tue-sexe. Elle finit par se détendre un peu plus, et même apparaitre virulente. Elle s’activait en jouant avec la lèvre du taulard, alors qu’elle le poussait contre le bureau, où il pivota pour l’attirer contre lui, et la plaquer fortement sur celui-ci, alors qu’elle rechignait d’être incapable de retirer son pantalon. Pitoyable. Droguée, elle ne faisait pas une bonne affaire. Bon à savoir avec les prochaines nones. Il ne dit rien et retira tranquillement son pantalon, avant de retirer, impatient, la culotte de la jeune femme, sans délicatesse aucune, les préliminaires l’agaçant, et de faire ce qu’il avait à faire. Il ne la ménageait pas, elle pouvait se mettre sa délicatesse où il pensait, il n’avait aucun sentiment. Il était de ceux, qui, habitués à la violence, l’utilisaient à outrance. Là, dans la pénombre du bureau, éclairé à la lueur du peu de lampes qui fonctionnaient ce soir, Arron baisait sa pseudo-sœur. Il n’y avait rien de romantique, rien de délicat et passionnel, c’était juste un coup d’un soir, comme il en avait beaucoup vu, où il donnait des coups de reins d’une virulence sans nom, qui n’avait d’égal qu’un film pornographique en moins sale, peut-être. Ca ne durerait peut-être pas longtemps, du moins, ça ne s’éterniserait pas, mais elle s’en souviendrait probablement, meurtrie dans son plus profond intérieur. Il donna un dernier coup de reins, et il se détacha d’elle, sans aucune compassion aucune, faisant glisser son caleçon sur ses cuisses pour le remettre, et attrapa son pantalon. Ca avait tout l’air d’une agression sexuelle, comme celle qu’il avait vécue par le passé, mais il les contredirait en disant qu’elle était consentante, et c’était bien vrai, quoique droguée. « Maintenant t’es plus une none. » Mais une fille de plus sur sa liste. Arron était un monstre. Comme si de rien était, il s’assit dans un fauteuil, observant la demoiselle.

Elle le foutrait dehors, elle le menacerait, elle engagerait des gens s'il le fallait, mais elle comptait récupérer sa chambre. Ou pire encore, elle déménagerait tout simplement. Ainsi Arron deviendrait le problème de Camron et non plus le sien. Elle pourrait également éviter de croiser son mari à tout bout de champs. Finalement, c'était une idée plutôt bonne que d'aller habiter ailleurs. Peut être même que leur relation en sortirait meilleure. Sur ce point, elle était un peu moins sûre, malheureusement. Elle haussa alors les épaules, préférant ne pas lui répondre - elle avait très bien compris que ça ne servait à rien avec lui. Il continuait. En plus d'être fou, con et mal élevé, il était obsédé par la chose. Décidément, Arron avait toutes les tares possibles. Pauvre enfant, pensa-t-elle alors. Il devait avoir vécu des horreurs pour agir de la sorte. Pas sûr que ça excuse son attitude. « Tout à fait. » répondit-elle alors. Aucune répartie, certes, elle changeait encore de tactique. « Complètement conne. » ajouta-t-elle ensuite en souriant.
Un moment viendrait bien ou elle aurait le dessus sur lui. Scarlett patienterait jusqu'à celui-ci et une fois arrivé, elle se délecterait de la situation à son tour, enfonçant un peu plus le clou pour lui donner une excellente leçon : celle qui montait qu'il n'avait pas toutes les cartes en mains. En attendant, elle continuerait d'essayer toutes les attitudes possibles avec lui.

Elle ne s'attendait pas à grand chose de sa part. Du moins à rien de bon. D'ailleurs il lui hurlait encore dessus et ça l'amusait. Scarlett sourit et se mit à rire toute seule. Tandis qu'Arron s'affairait déjà à retirer les restes de vêtements. Ses mouvements n'étaient même pas synchronisés, elle ne savait pas ce qu'elle faisait. En bonne poupée, elle se laissa faire, ne cherchant même plus à comprendre ou à questionner sa conscience. Elle avait l'impression d'être assise dans un nuage de coton. Mais ce doux nuage se brisa lorsqu'Arron commença son affaire. C'était froid, c'était violent mais la jeune femme n'était qu'à moitié consciente de la situation et là encore, se laisse faire comme un vulgaire objet en poussant de temps en temps un gémissement, pas le bon du moins, car celui-ci aurait pu se traduire par un 'arrête tu me fais mal'. Le pièce tournait, alors elle ferma les yeux, comme résignée à attendre la fin. Elle n'y trouva d'ailleurs aucun plaisir, aucune satisfaction. Était-ce son état qui provoquait ça, elle l'ignorait. Avec sa main elle tenta d'ailleurs de l'atteindre mais celle-ci ne lui obéit pas. A chaque nouveau coups de rein elle se sentait un peu plus défaillir, tandis que le dernier arriva bien rapidement et que la chose s'arrêta subitement. Scarlett ne retrouva pas ses esprits, au contraire. A moitié allongée sur le bureau, elle sourit bêtement en regardant un coin de la pièce. Lui venait de se rhabiller pour s'installer sur le fauteuil, prétextant qu'elle n'était plus une none. Encore un sourire mais elle ne lui jeta pas un regard, à vrai dire elle ne s'intéressait même plus à lui. Difficilement elle se redressa pour récupérer sa robe sur le sol qu'elle n'enfila qu'à moitié, celle-ci n'était même pas fermée. Quant à sa culotte, string, boxer, elle ne savait plus, elle la renfila aussi mais défaillante elle faillit s'écraser au sol. C'est là qu'une clé se fit entendre et que la porte s'ouvrit sur une silhouette connue : l'un de ses employés. Il semblait complètement étonné de la situation et ne bougeait même pas. La jeune femme en profita pour lui tapoter l'épaule. « Si tu pouvais nettoyer, merci. » lança-t-elle en sortant du bureau. Plusieurs personnes lui firent un signe de la main, ce à quoi elle répondit comme elle le pu, cherchant à garder une attitude normale. Arron n'occupait même plus ses pensées, à vrai dire elle se foutait complètement de lui. Finalement elle arriva dehors, près des videurs, à qui elle demanda de lui trouver un taxi. Peut être un peu inquiet, il s'exécuta rapidement et tandis que l'un d'eux se rapprochait, elle s'adossa contre un mur.

L’attitude de Scarlett ne se différenciait pas de celle des autres filles. Elles avaient toutes été surprises par la violence du jeune homme. Et encore, elles pouvaient s’estimer heureuses d’être épargnées. Toutes n’avaient pas vu l’homme à l’œuvre en prison. Il était pire qu’un chien enragé ce garçon. Il ne savait pas être doux dans des gestes qui en demandaient. La faute à la taule, ou à un manque d’éducation, toujours la même rengaine. Peut-être que s’il se confiait, on arriverait à expliquer ses gestes, ses façons de faire. Mais il ne parlait pas. Scarlett avait réussi à se taire pour une fois. La pauvre enfant ne pouvait rien dire après cette véritable punition de la part de cet homme qu’elle avait osé considérer comme son frère. Alors qu’elle titubait, toujours sous l’emprise de l’alcool, et tentait de se rhabiller devant un Arron presque hilare au sourire éclatant, la porte s’ouvrit à la volée. Un des employés du night-club. Il avait l’air choqué de voir sa patronne dans cet état. Arron lui, n’avait pas bougé. Et alors qu’elle sortait, l’employé observa Arron. Lui, jubilait déjà à l’idée de lui casser la gueule s’il osait s’approcher d’un peu trop près. Mais le serveur ne tenta pas le diable. Il rangeait le foutoir qui régnait ici. Il ne pouvait pas demander des comptes à Arron. Ce type lui faisait trop peur. Dans un élan, le taulard se hissa hors de sa chaise, et le serveur recula avant de déglutir, peur qu’il lui arrive quelque chose, tout en se demandant ce que sa patronne avait vécu. Au lieu de ça, Arron l’ignora complètement et sortit du bureau. Au même moment, il reçut un appel. Albert Cardigan. Le mec de la réinsertion. Il fut tenté de rejeter l’appel, mais allez savoir pourquoi, il appuya sur la touche verte et marmonna un mot à peine audible. « Arron ! C’est Albert Cardigan. Tout va bien j’espère ? Ecoute, ça fait maintenant plus d’un an que tu es sorti, et je voudrais savoir comment ça se passe pour toi. Je veux dire, j’ai besoin de ton tuteur et de toi pour dans deux semaines, je ne peux pas avant, et je voudrais que ton tuteur atteste de ta bonne conduite. Je te rappellerais pour te communiquer le rendez-vous. Il est obligatoire. Sinon, je me verrais dans l’obligation de te réincarcérer. Entendu ? » Arron raccrocha, sans lui donner de réponse. Ce connard faisait tout pour lui pourrir la vie.

Ainsi, il n’avait pas le choix. Sa famille d’accueil, ça faisait un moment qu’il ne la côtoyait pas. Tout reposait sur Scarlett, et ce n’était pas sûr qu’elle veuille plaider en sa faveur. Alors il allait devoir faire un effort, l’amadouer. Jouer un rôle. Ca ne semblait pas sorcier, mais vu ce qu’il venait de se passer, il devait agir avec tact. Il ne prit pourtant pas la peine de réfléchir, il sortit du night-club, dérobant une veste au passage, qu’il trouva dans le couloir. Elle devait surement appartenir à Scarlett. Il se baissa ensuite, attrapant deux ou trois billets qui trainaient dans sa chaussette droite, et il trouva Scarlett, entourée des colosses, adossée contre un mur. Crierait-elle au scandale ? Il fallait tenter le coup. Il s’approcha, n’ayant pas froid aux yeux, et il lui tendit la veste, sans dire mot. Puis il lui attrapa la main, et lui colla les billets dans la paume en lâchant : « Pour le taxi. » Il lâchait ça avec une indifférence telle, qu’il ne paraissait même pas gentil. Il se retourna ensuite vers les deux colosses et leur ordonna presque : « Vous pouvez retourner bosser, je m’occupe de tout. » Elle risquait de le contredire à ce sujet. En attendant le taxi, il attrapa une clope dans sa poche à l’arrière de son jean, et se grilla une cigarette, en proposant une autant aux videurs qu’à Scarlett. L’étape numéro deux était de changer les draps, et de la laisser dormir dans sa chambre.

Debout adossée à son mur, elle effritait ce dernier et rejetait les morceaux sur le trottoir, en tentant de remettre ses pensées dans un ordre décent. Ce qui lui était fort difficile pour le moment. Le regard interloqué des clients ne l'aidait pas, alors instinctivement elle baissa la tête, cachée par sa chevelure brune. Elle ne ressentait rien vis à vis de ce qui venait de se passer, en fait elle ne savait pas. Elle était juste paumée dans son univers. Arron venait de débarquer avec une veste qu'il lui tendit. Sans un regard pour lui, elle la saisit mais ne l'enfila pas pour autant, n'en ayant pas la force. Il prit sa main ou il mit des billets pour le taxi, mais elle s'en fichait totalement. Quant au reste : de même, qu'ils bossent ou non les videurs faisaient ce qu'il voulait ce soir, elle voulait juste rentrer chez elle. Le taxi arrivait au loin et Arron lui tendit son paquet de cigarette. Scarlett donna un coup dedans signe qu'elle n'en avait rien à foutre de ça et qu'elle ne fumait pas. Comme une grande, elle s'avança jusqu'au taxi, titubant comme une gamine fatiguée, elle replaça ses cheveux afin d'y voir quelque chose. Mais ce fut peine perdue, à peine avait-elle ouvert la porte pour s'engouffrer dans le véhicule qu'elle se la prit en pleine tête. Un mince filet de sang coula le long de son visage et la brune se contenta de l'effacer d'un revers de la main avant de s'étaler dans le taxi, suivi apparemment d'Arron.

De sa voix à peine audible, elle lança son adresse au chauffeur et se terra un peu plus dans le siège. Les billets toujours dans la main, elle les tendit à Arron, pour ne pas dire les lui balancer à la figure. « Garde ton fric. » Puis elle posa sa tête sur le siège, tournant le dos à son frère. Elle n'avait pas envie de le voir, d'ailleurs son attitude était incompréhensible. Depuis quand il agissait ainsi ? Donner de l'argent, proposer une cigarette, s'occuper de tout ? Il y avait anguille sous roche et le pire, c'est qu'elle s'en fichait totalement. Le taxi démarra sans rien dire, elle pouvait juste voir son regard dans le rétroviseur. Le trajet lui semblait interminable. La lumière des réverbères l'éblouissaient à chaque fois. Les feux rouges lui tapaient sur les nerfs à un point inimaginable. Mais finalement ils arrivèrent entier et c'est dans un bruit monstre qu'elle ouvrit la porte. « Il peut vous payer en nature.. » lança-t-elle sans se soucier d'Arron. Il lui fallu à peine quelques minutes pour arriver à son appartement et bien plus pour ouvrir la porte.
Scarlett crevait de faim et de soif mais le chemin jusqu'à la cuisine lui semblait interminable. Alors dans un dernier élan, avec les dernières forces qu'il lui restait, elle s'affala sur son canapé comme une vulgaire poupée et resta assise ainsi sans rien dire. Camron n'était pas là et heureusement pour elle vu son état lamentable, il aurait appelé les flics, les pompiers, n'importe qui et aurait surement cassé la gueule de son cher frère. Qu'à cela ne tienne, elle tapota un coussin sur lequelle elle posa sa tête. Son canapé venait d'être tâché de sang, dû à sa blessure avec la portière. Et cette fois-ci c'est une larme qui perla le long de sa joue. Elle se sentait affreusement mal. Son nuage de coton était un véritable enfer, elle avait l'impression d'être passée sous un rouleau compresseur.

Grossière erreur que de la comparer aux autres. Scarlett était bien loin des autres filles qu’il avait baisées. La différence se trouvait dans l’attitude sous l’emprise de la drogue. Elle ne parvenait pas à s’en détacher, elle était comme accablée. Restait à savoir si c’était la drogue, ou si c’était le choc de ce qu’elle venait de vivre. Elle ne revivrait pas ça deux fois, c’était certain. Elle était tellement épuisée qu’il se demandait si elle allait passer la nuit. C’était la première fois qu’il se retrouvait face à une femme aussi faible physiquement qui pourtant était dotée d’une force mentale à toute épreuve. Et elle en subit une autre d’épreuve. N’étant pas réellement maitre de ses mouvements, la jeune femme se prit la porte du taxi en pleine poire et se mit à saigner du nez. Ce n’était décidément pas son jour. Arron qui était derrière elle, ne broncha pas. Elle avait fait ce qu’il y avait à faire. S’essuyer le nez du revers de la main. Il n’avait jamais rien fait d’autre, donc sur ce coup-là, impossible de paraitre plus gentil. En plus ça lui coutait de l’être, car ce n’était pas lui, c’était la personne que tout le monde voulait qu’il soit. Finissant sa cigarette, jetant le reste dans le caniveau, il monta à la suite de la jeune femme dans le taxi, et celle-ci lui tourna le dos durant tout le trajet, ce qui était absolument normal. Quant à lui, il s’occupait avec son téléphone, cherchant à faire comme si de rien était. Evidemment. Il avait abusé d’elle et il agissait comme s’il n’avait rien fait. C’était du Arron tout craché. En plus, vu qu’elle était droguée, il pourrait lui dire qu’elle avait fabulé. Même si forcément il y aurait des preuves sur elle qui diraient le contraire, mais il était capable de s’en sortir quand même, car elle n’irait pas jusqu’à les faire confirmer, il se le promettait.

Elle lui rendit son fric. Cool, il allait pouvoir l’utiliser pour autre chose. Non il ne devait pas penser comme ça. Il devrait la forcer à le prendre. Mais il n’insista pas, ce n’était peut-être pas le bon moment. Il le rangea dans sa chaussette de nouveau. Une planque de découverte. C’était loin d’être sa planque principale, et puis elle ne semblait même pas y prêter attention. Arron remercia le chauffeur de taxi avant de sortir, et lui balança un billet, plus petit celui-là. Il sortit, peinard, se souciant à peine de Scarlett, qui connaissait le chemin et qui semblait pressée. Les mains dans les poches, il rentrait sans se presser chez eux, et quand il rentra dans la maison, il fut surpris de voir qu’elle était assise sur le canapé. Il remarqua qu’elle pleurait, mais ça ne lui fit ni chaud ni froid. En revanche, il partit dans la cuisine et attrapa vite fait bien fait de quoi faire deux sandwichs. Il avait faim, elle aussi surement. Il lui en porta un qu’il déposa sur la petite table devant elle. « Manges ! » Elle n’avait pas mangé, ce qui expliquait aussi le décuplement des effets de la drogue. Il partit de nouveau dans la cuisine et lui déposa un verre d’eau à côté de l’assiette. Lui debout, mangea son sandwich tranquillement. Il ne disait rien. Une fois qu’il eut fini, il partit dans la chambre, où il ouvrit les volets pour aérer, et où il vira les draps, et tout le bordel qui trainait là. Il ne fit pas grand-chose à part retirer la nourriture et les choses crades. C’était déjà ça. Il revint et il lui dit sur un ton désinvolte. « Tu peux récupérer ta chambre. » Il haussa ensuite les épaules et il partit dans la cuisine, où il dénicha une des bières qu’il avait achetées. Il la décapsula, et but au goulot, toujours devant Scarlett. Il acheva par dire : « T’as une sale tête, baronne. » Et c’était à cause de lui.

Un sandwich ? Elle n'avait pas besoin d'un sandwich, ni d'un verre d'eau, leur seule vue lui donnait envie de vomir et l'attitude désinvolte d'Arron l'acheva complètement. Il se prenait presque pour un père à vouloir la forcer. Ses mains cachaient son visage qu'elle secouait de gauche à droite, essayant avec du mal d'oublier cette situation, la pièce dans laquelle elle était, l'état dans lequel elle se trouvait. Arron se dirigea dans sa chambre ou il fit du bruit, Scarlett ne comprit pas sur le coup et fixait le sandwich sans le manger. Finalement il revint, prétextant que sa chambre était prête pour elle. « Je m'en fous. » souffla-t-elle. « Garde là ta chambre. » continua-t-elle en se relevant titubant un peu mais bien moins qu'avant. Elle mit même un coup de genoux dans une lampe qui se trouvait sur son passage. « Je déménage. » elle tournait presque sur elle même, cherchant ou se trouvait l'autre chambre, celle qu'elle utilisait depuis quelques temps déjà. « Demain je déménage. » reprit-elle en trouvant enfin la porte qu'elle ouvrit à la volée. « Tu peux aller te faire foutre. Lui aussi. » Elle parlait de Camron en regardant le canapé, celui-là même ou il dormait. Puis elle claqua la porte et se retrouva dans le noir complet, seule.

Elle finit par s'allonger sur le lit, sans prendre le temps de se déshabiller. Elle se mit en boule, la tête enfouit sous ses bras, elle ne pleurait pas, elle réfléchissait. Sa vie entière était nullissime. Certes elle avait trompé Camron ce soir mais ne se sentait pas mieux pour autant. Elle faisait son possible pour Arron et récoltait un sandwich et des remarques à la con. Elle était amie avec Kalea et se faisait poignarder dans le dos. La palme d'or lui revenait largement. Et comme dans les séries, films, sa vie professionnelle était absolument parfaite. Pas une ombre au tableau. On croyait toujours que ça suffisait mais ce n'était pas le cas. Un téléphone se trouvait dans la chambre, juste à côté de la table de nuit, Scarlett finit par le prendre et composa le numéro de ses parents. Il n'y avait personne au bout du fil. Elle tenta son frère, aucune réponse. Vu l'heure tardive, ça ne l'étonnait pas, elle avait juste espérée pouvoir parler à quelqu'un. Et comme d'habitude, personne n'était présent. Arron n'était pas franchement une option, il se fichait de tout. Mais c'était la seule de disponible et même si elle certaine à 90% de se faire rejeter, ça ne changerait plus de sa situation actuelle. Du moins, pas assez pour l'endommager encore plus.
Doucement elle se releva pour éviter de finir au sol et ouvrit la porte, laissant juste passer sa tête pour voir si Arron était encore là. C'était le cas. Elle mit quelques secondes avant d'ouvrir la bouche, et parla d'une petite voix : « Je veux pas rester seule. » dit-elle sans préciser le fond de sa pensée, il comprendrait forcément qu'elle ne voulait pas dormir seule. Au point ou elle en était. La new yorkaise haussa les épaules et reprit le chemin de ce lit qu'elle détestait tant (pas très confortable) mais qui était devenu son meilleur ami. La porte était toujours entre ouverte. S'il voulait venir, il viendrait, sinon elle resterait encore seule ce soir.

C’était comme si on avait roué de coups la pauvre Scarlett. Elle était tellement différente de la Scarlett joviale qui n’arrêtait pas de parler. Elle avait l’air absente, elle ne savait même plus qui elle était. Ca faisait de la peine de la voir comme ça. Tout le monde aurait été attendri. Arron pas vraiment. Il en avait vu passer des filles qui lui faisaient un cinéma, mais là ça avait l’air sérieux, et pourtant, il ne se sentait pas plus concerné que ça. Pourtant il avait fait des efforts, mais ce n’était que dans son propre intérêt. Voyez l’appel d’Albert. Elle refusait son sandwich, mais il le laissa quand même sur la table, on ne savait jamais avec les femmes selon lui. Même s’il n’avait pas vraiment expérimenté la vie aux côtés d’une femme. Elle semblait désinvolte, et lui ressemblait de plus en plus. Elle se fichait de tout. Comme lui à ses débuts, quand il avait commencé par tout refuser, et à dire qu’il se foutait de tout. Il en avait pris des tartes à l’orphelinat, mais ça n’avait rien changé. Ce qui le surprit c’est ce qu’elle lui annonça ensuite. Elle comptait déménager. Il ne put s’empêcher d’éclater de rire. Coucher avec elle, lui avait-il remis les idées en place ? On dirait bien. Il ne put s’empêcher de sourire quand elle lui balança une insulte qu’elle dériva ensuite sur son mari. Il lui rétorqua, en criant presque, parce qu’elle avait claqué la porte : « Moi c’est déjà fait ! » Et il se laissa tomber dans le canapé, où il buvait sa bière tranquillement, alors que Scarlett était partie dans la chambre d’amis.

Arron ne se sentait pas coupable, au contraire. Il avait l’impression d’avoir aidé Scarlett à se sortir de son mutisme horrifiant. Elle ne semblait pas lui ressembler sur tous les points, mais petit à petit, elle quittait son masque de jeune fille parfaite. Personne ne l’était, il fallait qu’elle se le mette en tête. Le monde des bisounours n’existait pas. Ou du moins que dans l’enfance. Il ne savait pas ce qu’elle faisait à l’heure actuelle, elle dormait peut-être, ou alors elle s’isolait, juste pour oublier ce qui lui était arrivé ce soir. A vrai dire ce n’était pas vraiment son problème, du moment qu’elle ne se suicidait pas et qu’on ne l’accusait pas de meurtre. Il alluma la télé, se demandant bien ce qu’il y avait d’intéressant à une telle heure, et il passa automatiquement sur les chaines du genre de MTV pour voir si y avait de quoi se marrer. Il tomba sur Jackass, c’était parfait. Sa bière qui ne quittait pas sa bouche, les yeux rivés sur l’écran, il n’entendit pas sa sœur sortir de son antre, du moins ouvrir la porte et passer la tête, pour se plaindre comme une petite fille qui avait peur de l’orage. Elle ne voulait pas rester seule. Elle arrivait à lui demander de passer la nuit à ses côtés après ce qu’il lui avait fait subir ? Cette fille avait véritablement de la ressource. Il pouvait être impressionné. Sans rechigner, il éteignit la télé, ce qui plongea l’appartement dans une pénombre, car seule une petite lampe était allumée et il avança nonchalamment vers elle, sans dire quoi que ce soit sans soupir, rien. Il se disait que c’était sa chance d’avoir sa confiance et de pouvoir passer le test Cardigan. Arrivé à sa hauteur, il la guida jusqu’au lit, et il s’allongea ensuite à côté, fixant le plafond. « Ca te va comme ça Ariett ? » Ca y est il recommençait avec son prénom. Il lui dit ensuite : « Faut pas te mettre dans ces états pour si peu. » A tous les coups elle allait mal le prendre, ce n’était pas dit dans ce but.

« Oui du con. » Ariett, Arlette, ça ne l'intéressait même pas plus de relever. C'était d'ailleurs une idée : changer de prénom et partir ailleurs. « Je me sens pas bien, d'accord. » répliqua-t-elle ensuite. Ça se voyait quand même qu'elle ne tenait pas debout et qu'elle n'était pas dans un état normal. Pour si peu d'alcool, en plus. Finalement elle se tourna, pour se coucher sur le côté mais dans sa direction à lui, afin de l'avoir à l'oeil. « T'es pas un bon coup en fait. » lança-t-elle subitement en se collant un léger sourire en coin. Elle se foutait de lui, pour le peu de souvenir qu'elle en avait. « Merci. » d'être resté avec elle pour ce soir, c'était logique, mais elle ne précisa pas. A tous les coups, il finirait par l'envoyer paitre une autre fois. Les marques de sympathie ne l'atteignaient pas. Ensuite elle se releva légèrement pour retirer le cadavre de sa robe. Il n'y avait plus aucune partie de son corps qu'il ne connaissait pas, désormais. Et même, une paire de seins est une paire de seins, pareil pour les fesses. Aussitôt, elle s'allongea sous les draps, les remontant jusqu'en haut. « Pourquoi t'es venu ? » demanda-t-elle, encore étonnée. Camron serait venu, Neal serait venu, Slythein & co également, même Ty ce serait pointé à tous les coups. Mais Arron, ça semblait faussement intéressé. Par quoi elle l'ignorait mais elle s'attendait à ce qu'il lui demande une faveur. De l'argent, sa voiture, une partie de jambe en l'air, cacher un cadavre qui trainait dans le placard. Peu importe. Elle appréciait la chose, même si elle aurait souhaité avoir un 'frère' un peu différent : disons, plus à l'écoute, moins égoïste, plus sympathique et.. avec un peu de savoir vivre. Fallait se contenter de ce qu'on avait, certes. Et pour une fois qu'il dégageait un peu d'humanité, elle n'allait pas l'accabler de reproche. Naïve, elle espérait toujours voir un changement (positif) en lui. Peut être y avait-il eu un élément déclencheur ? Ou pas.

Finalement ça la titilla pas mal ce changement d'attitude soudain. Scarlett se releva légèrement, intriguée, dans les choux et la mine perplexe. « Non mais c'est vrai ça.. pourquoi t'es venu ? Je pourrais être à moitié en train de mourir que tu préfèrerais ne pas venir, c'est pas normal ? » Elle l'agressait peut être un peu, certes. Mais c'est à dire que : après avoir dépassé le stade hystérique, puis celui de mort vivant et enfin celui de fille gentille, elle venait de prendre celui de la demoiselle parano. Encore un effet secondaire de la substance présente dans la bouteille. Sa manière de réagir était, en tout cas, assez hilarante tant elle le fixait avec insistance. « Fais pas le con, qu'est-ce que tu veux ? Tu vas me dire ce que tu veux ou tu vas voir ! » souffla-t-elle en tenant, encore une fois, à peine droite. Arron ne pourrait faire qu'une bouchée d'elle sous peu. Quoi que, vu son état elle serait bien capable de s'attaquer à lui avec un couteau de cuisine ou un cintre, au choix. La droguer n'était pas une bonne idée. D'ailleurs elle se rapprocha dangereusement de lui, comme si ça pouvait avoir un impact (surtout dans le quasi noir, seul la lune éclairait la chambre).